La décision de repousser les élections locales a été prise, le 20 février courant, à la faveur d’un atelier dit de «Planification», à Kindia (près de 130 kilomètres à l’Est de Conakry).
Ce chronogramme prévoit la tenue des consultations locales en octobre. Il vient ainsi compromettre le délai de fin Juin consigné dans un accord politique paraphé le 20 août 2015, entre les différents acteurs politiques du pays.
Selon la CENI, ce report se justifie par la nécessité de dégager les contraintes d’ordre juridique et administratif qu’elle doit lever si elle doit organiser des élections locales transparentes et acceptables.
L’institution égraine notamment la correction de la cartographie des bureaux de vote, le découpage administratif, la mobilisation des ressources matérielles et financières. Autant de défis qui, selon ses dirigeants, ne peuvent être levés d’ici juin.
«La CENI se propose 254 jours pour tenir ces élections», indique-t-elle dans un communiqué, tout en précisant que «la nouvelle mouture de planification des élections communales et communautaires est faite».
Au sein de la classe politique, ce projet est loin de faire l’unanimité. L’idée fait rougir au sein de l’opposition radicale. Son leader Cellou Dalein Diallo (Union des forces démocratique de Guinée - UFDG) se dit «déçu, mais pas surpris» par ce énième non-respect des engagements des autorités. «La CENI nous ressert la même chose, c’est inacceptable», s’insurge-t-il.
Le PEDN (Parti de l’espoir pour le développement national) de Lansana Kouyaté, un autre ancien Premier ministre, se dit également «déçu» par ce report. «Nous exprimons notre déception et notre désolation, suite au report des communales en octobre contrairement à l’esprit de l’accord politique du 20 août», fulmine son Porte-parole, Faya François Bourouno.
Pour le RPG Arc-en-ciel (parti au pouvoir), le nouveau planning de la CENI semble réaliste d’autant qu’il prend en compte la période des grandes pluies. Le président de son groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara, appelle au respect de l’indépendance de cet organe électoral d’autant que des représentants de l’opposition étaient présents à la retraite de Kindia.
«La loi est formelle, la CENI organise les élections en Guinée. De ce fait, nous suivons l’organe qui est constitutionnellement chargé de l’organisation des élections, nous ne pouvons pas leur imposer».
L’Union des forces républicaines (UFR) de l’ancien Premier ministre Sidya Touré est également favorable au report. Pour ce parti qui se réclame du centre, mais dont le leader a officié depuis décembre comme «Haut représentant du Chef de l’Etat», il faut réunir toutes les conditions pour organiser une élection «normale, réaliste et acceptable».
L'opposition annonce une réunion d’urgence pour prendre la décision qui s’impose. La Commission électorale quant à elle prévoit de partager son projet de chronogramme avec les acteurs politiques et les partenaires techniques.