Au cours d’une réunion par téléconférence avec de hauts responsables, retransmise à la télévision, le président russe Vladimir Poutine a estimé vendredi que son pays devrait «commencer à produire» des missiles d’une portée comprise entre 500 et 5.500 kilomètres. Ceux-ci étaient auparavant interdits en vertu d’un traité avec les États-Unis datant de la guerre froide et aujourd’hui caduc.
Il a affirmé que les États-Unis avaient commencé à utiliser de tels missiles au cours d’exercices d’entraînement au Danemark. «Nous devons réagir à cela et prendre des décisions sur ce que nous devons faire ensuite dans ce domaine», a-t-il poursuivi, affirmant que la Russie déciderait de «l’endroit» où déployer ces armements.
Washington s’était retiré en 2019 de ce Traité sur les forces nucléaires de portée intermédiaire (INF), invoquant son non-respect par Moscou. La Russie avait alors assuré qu’elle observerait un moratoire sur la production de tels engins si les États-Unis n’en déployaient pas à une distance qui leur permettrait d’atteindre son territoire.
«Désignation des cibles»
Moscou considère que l’aide fournie à Kiev en matière d’armements, de collecte de renseignements et d’identification de cibles sur le territoire russe, a fait des États-Unis et de leurs alliés des parties au conflit en Ukraine.
Les vols de drones américains en mer Noire «multiplient la probabilité d’incidents dans l’espace aérien avec les avions des forces aérospatiales russes, ce qui augmente le risque d’une confrontation directe entre l’Alliance (atlantique) et la Fédération de Russie», a mis en garde le ministère russe de la Défense.
Selon les autorités russes, ces appareils américains servent à «la reconnaissance et la désignation des cibles pour les armements de précision fournis aux forces armées ukrainiennes» par les Occidentaux. Le Kremlin assure que les tirs de missiles ATACMS requièrent en particulier des renseignements collectés par les États-Unis.
Après avoir longtemps refusé, de crainte de provoquer une escalade, Américains et Européens ont commencé à autoriser ces dernières semaines, sous conditions, des attaques avec des armements de précision occidentaux sur le sol russe.
Frappes en Ukraine
Les bombardements russes continuent par ailleurs quotidiennement dans les localités ukrainiennes. Des combats de haute intensité se poursuivent sur le front, notamment dans l’est, où la Russie a revendiqué vendredi la prise de Rozdolivka, un village situé au nord de la cité dévastée de Bakhmout.
Mais selon Kiev, les forces ukrainiennes sont en meilleure posture grâce à l’arrivée des armes occidentales, après des mois de blocage. «Le ratio de consommation de munitions était d’un pour sept (en faveur de l’armée russe), aujourd’hui il est d’un pour trois», s’est félicitée auprès de l’AFP une source au sein de l’état-major de l’armée ukrainienne.
Sur le plan diplomatique, Volodymyr Zelensky a dit vendredi travailler à un nouveau plan pour mettre fin au conflit, dans le but que celui-ci soit «soutenu par la majorité» des pays. Mais il a aussi juré de continuer de renforcer les capacités militaires de son pays pour imposer à la Russie une «paix juste».
Vladimir Poutine a quant à lui avancé sa propre solution: que l’Ukraine cède cinq régions orientales et méridionales et qu’elle renonce à rejoindre l’Otan. Une demande rejetée à Kiev comme chez les Occidentaux.