Gaza: poursuite des frappes israéliennes, pas de trêve ni échange de prisonniers avant vendredi

Les bombardements israéliens se sont poursuivis, notamment à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 novembre, 2023. La trêve attendue de 4 jours n'entrera pas en vigueur avant le vendredi 24 novembre.. AFP or licensors

L’accord de trêve entre Israël et le Hamas, prévoyant la libération de 50 otages en échange de 150 prisonniers palestiniens, n’entrera pas en vigueur avant vendredi. En attendant, les combats se poursuivent dans la bande de Gaza.

Le 23/11/2023 à 07h25

L’accord entre Israël et le Hamas, qui prévoit une trêve de quatre jours et la libération de 50 otages en échange de 150 prisonniers palestiniens n’entrera finalement pas en vigueur avant vendredi, ont annoncé jeudi des responsables israéliens sur fond de poursuite des combats dans la bande de Gaza.

Après le feu vert du gouvernement israélien et l’accord du Hamas, le Qatar avait annoncé hier mercredi le «succès» de sa médiation pour une trêve renouvelable de quatre jours dans les combats, doublée d’un échange d’otages et de prisonniers.

Des médias et des responsables avaient affirmé que la trêve entrerait en vigueur, un responsable du Hamas disant s’attendre ce jour-là à «un premier échange de 10 otages contre 30 prisonniers». Le gouvernement israélien a approuvé cet accord, malgré des dissensions internes, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir (extrême droite) évoquant une «erreur historique» car la pause permettra selon lui au Hamas de se renforcer.

Mais le chef du Conseil national de la sécurité israélien, Tzachi Hanegbi, a déclaré dans la nuit que la libération des otages n’interviendra «pas avant vendredi» et que les négociations «se poursuivent sans cesse». Par conséquent, il n’y aura «pas de pause» dans les combats ce jeudi, a indiqué un responsable israélien. Dans la nuit du mercredi, l’agence de presse palestinienne Wafa a fait état de frappes israéliennes ayant fait des dizaines de morts dans différents secteurs de la bande de Gaza.

Détaillant les modalités de l’accord, le porte-parole des Affaires étrangères du Qatar, Majed Al-Ansari, a indiqué que «chaque jour, un certain nombre d’otages seront libérés, et ce nombre devrait atteindre 50 au 4ème jour» de trêve. L’accord ne prévoit pas la libération de militaires.

Israël a diffusé une liste de 300 prisonniers palestiniens susceptibles d’être relâchés (33 femmes, 123 adolescents de moins de 18 ans, et 144 jeunes d’environ 18 ans). Selon les autorités israéliennes, d’autres échanges pourraient intervenir dans le cadre d’une extension de la trêve, avec un total de 100 otages pour 300 prisonniers palestiniens.

L’accord a été annoncé au 47ème jour de la guerre, déclenchée par une attaque d’une ampleur et d’une violence inédites dans l’histoire d’Israël menée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien. Selon les autorités, 1.200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées, et environ 240 personnes ont été enlevées.

En représailles, Israël bombarde sans relâche la bande de Gaza, où plus de 14.000 personnes ont été tuées dont plus de 5.800 enfants, selon le gouvernement local de ce territoire de quelque 360 km2, assiégée depuis le 9 octobre par Israël qui y a coupé les approvisionnements en eau, nourriture, électricité, carburant et médicaments.

Les bombardements ont dévasté le territoire et provoqué une grave crise humanitaire, avec notamment le déplacement de plus de 1,7 million des 2,4 millions d’habitants de Gaza, selon l’ONU, où l’aide entre au compte-gouttes.

La pause humanitaire permettra en outre l’entrée d’un «plus grand nombre de convois humanitaires et d’aide, y compris du carburant», a indiqué le Qatar. Quelque 200 à 300 camions d’aide entreront dans Gaza, dont huit avec du carburant et du gaz, a précisé Taher al-Nounou, un cadre du Hamas.

Cette trêve limitée est «insuffisante» pour faire entrer l’aide nécessaire à Gaza, ont souligné plusieurs ONG internationales, réclamant un cessez-le-feu. Le territoire est devenu «l’endroit le plus dangereux au monde pour un enfant», a également dénoncé la patronne de l’Unicef, Catherine Russell, s’alarmant des risques d’épidémie et d’augmentation massive des cas de malnutrition.

«Quelle trêve?»

Malgré l’accord, Israël a affirmé que la guerre se poursuivrait pour «éliminer le Hamas et garantir qu’il n’y ait plus aucune menace (...) depuis Gaza». «Nous confirmons que nos mains resteront sur la gâchette», a averti de son côté le Hamas.

«Ils parlent de trêve, mais quelle trêve ? Une trêve avec des blessés, des morts, des maisons détruites? Nous ne voulons pas de trêve si nous ne pouvons pas retourner dans nos maisons, nous ne voulons pas de trêve pour un peu de nourriture», a lancé Maysara al-Sabbagh, 42 ans, qui s’est réfugié à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. «Que signifie la trêve si je ne peux pas rentrer chez moi», a renchéri Saddam al-Sawafiri. «Nous dormons dans les rues depuis 40 ou 45 jours».

Escalade régionale

La guerre fait craindre une escalade régionale entre d’un côté Israël et ses alliés et de l’autre l’«axe de la résistance » formé de groupes soutenus par l’Iran dont le Hamas, le Hezbollah et les Houthis. Le Hezbollah a annoncé tôt jeudi la mort d’Abbas Raad, fils du chef du groupe du mouvement chiite au parlement libanais Mohamed Raad, dans un bombardement israélien ayant tué mercredi quatre autres combattants dans le sud du Liban.

Un navire de guerre américain patrouillant en mer Rouge a intercepté jeudi des drones explosifs lancés depuis une région du Yémen contrôlée par les rebelles Houthis, a annoncé le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom).

Par Le360 (avec AFP)
Le 23/11/2023 à 07h25