Depuis vendredi soir, l’armée israélienne opère au sol avec des soldats et des blindés, tout en continuant d’intensifier ses bombardements contre le territoire de 362 km2, en représailles à l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien sur son sol le 7 octobre.
Depuis cette date, 1.400 personnes sont mortes côté israélien, essentiellement des civils, selon les autorités locales.
Le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, affirme lui que plus de 8.000 Palestiniens, dont la moitié sont des enfants, ont été tués dans les bombardements israéliens depuis le début du conflit il y a un peu plus de trois semaines.
Un «grand nombre» sont encore morts dans la nuit de samedi à dimanche lors de frappes aériennes sur deux camps de réfugiés dans le nord de Gaza, a-t-il ajouté.
Plus tôt, le commandement israélien avait mis en garde les habitants des villes d’Ashdod et d’Ashkelon, dans le sud d’Israël, contre des tirs de missiles et de roquettes. Les services de secours n’y ont déploré aucune victime, mais trois personnes avaient été blessées dans la journée après d’autres tirs depuis Gaza.
«Souffrance intolérable»
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déploré samedi l’«escalade sans précédent des bombardements» qui «compromettent les objectifs humanitaires», appelant une nouvelle fois à un cessez-le-feu immédiat.
La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Mirjana Spoljaric s’est dite samedi «choquée par le niveau intolérable de souffrance humaine», dénonçant «un échec catastrophique que le monde ne doit pas tolérer».
«Face à des bombardements incessants et terrifiants, les gens n’ont nulle part où fuir ou se mettre à l’abri. Il faut un cessez-le-feu immédiat», a déclaré dimanche le Dr Christos Christou, président international de Médecins sans frontières (MSF).
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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a estimé que «la guerre dans la bande de Gaza sera longue et difficile et nous y sommes prêts» samedi lors d’une conférence de presse, ajoutant que son armée «détruira l’ennemi sur terre et sous terre».
Une référence au réseau de centaines de kilomètres de tunnels souterrains, d’où le Hamas dirige ses opérations, selon Israël.
Désormais est engagée «la deuxième étape de la guerre, dont l’objectif est clair: détruire les capacités militaires et la direction du Hamas; ramener les otages à la maison», a affirmé M. Netanyahu après avoir rencontré les familles des captifs du Hamas, dont Israël estime le nombre à 230.
«Les familles veulent des réponses»
Leurs proches sont de plus en plus mécontents de l’«incertitude absolue» à laquelle ils sont confrontés quant à leur sort, en particulier lors des bombardements intensifs, a déclaré Haim Rubinstein, leur porte-parole. «Les familles ne dorment pas, elles veulent des réponses, elles méritent des réponses.»
Quatre femmes ont été libérées à ce jour. Le Hamas, qui avait menacé d’exécuter des otages, estime à «près de 50» le nombre d’entre eux tués dans les bombardements.
Le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinouar, qui s’est exprimé samedi soir pour la première fois depuis le 7 octobre, a déclaré être prêt «à immédiatement conclure un échange pour faire libérer tous les prisonniers dans les prisons de l’ennemi sioniste contre tous les otages».
L’armée israélienne a appelé les civils du nord de Gaza «à se déplacer temporairement au sud du Wadi Gaza, vers une zone plus sûre où ils pourront recevoir de l’eau, de la nourriture et des médicaments».
«Demain (dimanche, ndlr), les efforts humanitaires à Gaza, menés par l’Égypte et les États-Unis, seront accrus», a-t-elle ajouté.
Samedi, elle avait renouvelé son appel aux habitants de la ville de Gaza (nord) à «partir immédiatement» vers le sud, affirmant qu’elle considérait désormais cette ville et sa région comme un «champ de bataille».
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Dans le camp de réfugiés de Chati, dans la périphérie de Gaza-ville, les bombardements ont provoqué d’importants dégâts.
«Ce qui s’est passé à Chati est pire qu’un tremblement de terre», a déclaré à l’AFP un habitant, Alaa Mahdi, 54 ans. «Ca bombardait de partout, la marine, l’artillerie et les avions.»
Israël veut «anéantir» le mouvement islamiste, en représailles à l’attaque du 7 octobre. Ce jour-là, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas se sont infiltrés depuis Gaza sur le sol israélien, où ils ont commis l’attaque la plus meurtrière dans l’histoire d’Israël.
Communications rétablies
L’intensification des bombardements sur Gaza a coïncidé avec une coupure des communications et internet, compliquant encore la tâche des humanitaires.
Le réseau est en cours de rétablissement dimanche matin a annoncé l’organisme de surveillance du réseau Netblocks. Un collaborateur de l’AFP dans la ville de Gaza a confirmé pouvoir accéder à internet et au réseau mobile, et avoir réussi à joindre des interlocuteurs dans le sud du territoire.
Depuis le 9 octobre, Israël a imposé un «siège total» à Gaza, y coupant les approvisionnements en eau, électricité et nourriture, alors que le territoire où s’entassent 2,4 millions d’habitants était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis 2007. Seuls 84 camions d’aide humanitaire ont pu arriver dans Gaza via l’Egypte depuis le 21 octobre.
Les médicaments manquent aussi et certaines opérations chirurgicales sont réalisées sans endormir complètement les patients, en raison de la pénurie de produits anesthésiques, a alerté samedi MSF.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié samedi Israël de «criminel de guerre» et accusé l’Occident d’être «le principal coupable des massacres à Gaza». Israël a réagi en rappelant ses diplomates.
L’Arabie saoudite a dénoncé une violation «injustifiée» du droit international et Oman accusé Israël de «crimes de guerre».
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi en soutien aux Palestiniens à Londres, et des milliers à Paris, à Zurich ou encore aux Etats-Unis.
La communauté internationale redoute un embrasement régional, alors que l’Iran, soutien du Hamas et du Hezbollah libanais, a lancé des avertissements aux Etats-Unis, proche allié d’Israël.
La tension est aussi très vive en Cisjordanie occupée depuis 1967, où plus de 100 Palestiniens ont été tués par des soldats ou des colons israéliens depuis le 7 octobre.
A la frontière d’Israël avec le Liban, où les échanges de tirs sont quasi quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah, le siège des Casques bleus de l’ONU dans le sud libanais a été touché samedi par un obus, sans faire de victime. En revanche, un Casque bleu a été légèrement blessé près de Hula par des bombardements, a annoncé la Finul dans la nuit.