Le mouvement palestinien Hamas a affirmé samedi que des frappes israéliennes sur le camp de réfugiés de Jabaliya, géré par l’ONU dans le nord du territoire, avaient fait plus de 80 morts, dont au moins 50 dans une école qui héberge des déplacés.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux et authentifiées par l’AFP montrent des corps, certains couverts de sang, dans les étages de l’école al-Fakhoura du camp de Jabaliya, visée par une frappe. Interrogée à propos de cette frappe, l’armée israélienne a indiqué à l’AFP avoir «reçu des rapports sur un incident dans la région de Jabaliya».
La seconde frappe, qui a touché une maison de Jabaliya, a tué 32 membres d’une même famille, dont 19 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas. «Nous recevons des images effroyables de nombreux morts et blessés encore une fois dans une école de l’Unrwa qui abritait des milliers de déplacés», a écrit sur X (ex-Twitter) le patron de cette agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, exigeant que ces attaques cessent.
Extension des opérations
Des centaines de personnes qui avaient trouvé refuge dans l’hôpital Al-Chifa, le plus grand de Gaza, ont quitté les lieux samedi après en avoir reçu l’ordre par l’armée israélienne, selon le directeur de l’établissement et un journaliste de l’AFP sur place. L’armée a nié avoir ordonné l’évacuation, assurant seulement avoir «répondu à une requête» du directeur de l’hôpital al- Chifa.
Bloqué pendant vingt jours à Al-Chifa, Rami Charab est arrivé samedi dans le centre de la bande de Gaza, après des heures de marche. «À huit heures du matin, se rappelle le jeune homme de 24 ans, les haut-parleurs ont résonné. Un soldat israélien ordonnait l’évacuation de l’hôpital sous une heure sous peine de nous bombarder».
«Zone de mort»
L’hôpital Al-Chifa est devenu une «zone de mort» où la situation est «désespérée» en raison du manque d’eau, d’électricité, de médicaments, de nourriture et de matériel médical, a affirmé samedi soir l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui y a effectué une mission d’une durée d’une heure samedi.
Selon l’OMS, l’immense complexe hospitalier hébergeait encore samedi 25 soignants et 291 patients, dont 32 bébés dans un état critique, 22 patients sous dialyse et deux en soins intensifs. De nombreux blessés souffrent d’infections graves en raison du manque d’antibiotiques et des mauvaises conditions d’hygiène, a rapporté l’organisation. «L’OMS et ses partenaires élaborent d’urgence des plans pour l’évacuation immédiate des patients restants, du personnel et de leurs famille» vers d’autres hôpitaux de Gaza, a ajouté l’OMS.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque du Hamas dans laquelle 1.200 personnes ont été tuées, selon les autorités israéliennes, en grande majorité des civils. En représailles, Israël pilonne sans relâche le petit territoire palestinien qu’il a soumis à un «siège complet», bloquant les livraisons de nourriture, d’eau, d’électricité et de médicaments, et a lancé une opération terrestre le 27 octobre. Samedi soir, le gouvernement du Hamas a annoncé que 12.300 Palestiniens avaient été tués par les bombardements israéliens depuis le 7 octobre, dont plus de 5.000 enfants.
Plus des deux tiers des 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre, selon l’ONU. La plupart ont fui vers le sud en emportant le minimum et tentent de survivre dans le froid qui s’installe. Mais des frappes ont également lieu dans le sud de la bande de Gaza. Dans la nuit de vendredi à samedi, un bombardement a ainsi fait 26 morts dans la ville de Khan Younès, d’après le directeur de l’hôpital Nasser.