"Je veux dire aux proches des victimes que c'est une terrible, terrible tragédie qui est survenue à Colorado Springs" vendredi, a déclaré John Suthers, le maire de la deuxième ville de l'Etat, située au sud de Denver. "Nous avons perdu deux civils et nous pleurons la perte d'un très courageux policier", a-t-il ajouté.
Selon un communiqué de l'université de Colorado Springs, le policier tué s'appelait Garrett Swasey, 44 ans, et assurait d'ordinaire la sécurité du campus. Il a été appelé vendredi en renfort de la police municipale. Neuf personnes dont 5 policiers ont été hospitalisées. "Leur état de santé est bon pour l'instant", a précisé Catherine Buckley, porte-parole de la police.
Les autorités ont reconnu ne pas connaître pour l'instant les motifs du tireur, qui a été arrêté peu avant 17H00 (00H00 GMT), après plus de cinq heure d'échanges de tirs avec les forces de l'ordre. Plusieurs médias dont CNN et le Denver Post l'ont identifié comme Robert Lewis Dear, âgé d'une cinquantaine d'années.
Les médias américains ont diffusé l'image d'un homme corpulent, vu de dos en train d'être menotté par des policiers, habillé en T-shirt blanc, cheveux rasés courts et pantalon militaire.
'Terrorisme intérieur"Les forces de l'ordre s'inquiètent et veulent savoir si le suspect, qui a principalement agi avec un fusil, pourrait avoir placé des explosifs dans le bâtiment, que les autorités inspectent désormais pièce par pièce. Catherine Buckley avait signalé que le tireur avait amené "des appareils", laissant entendre qu'il pourrait s'agir d'explosifs.
Les télévisions américaines ont retransmis des images de personnes évacuées à la hâte, sans manteaux, certaines en larmes, sous la neige et dans un froid glacial. Quan Hoang, propriétaire d'un salon de manucure proche du centre de planning familial, a raconté à la chaîne CNN être sorti de son salon après avoir vu arriver "tout un tas de voitures de police près d'une banque".
"J'ai cru qu'il s'agissait d'un braquage mais dès que je suis sorti j'ai entendu trois coups de feu", a-t-il ajouté. "Des policiers m'ont dit de partir, de rentrer et de verrouiller les portes", a-t-il poursuivi.
Ni la police ni la fédération des centres de planning familial n'ont été en mesure de confirmer que c'est bien l'organisation à but non lucratif, qui reçoit des subventions publiques, qui était la cible du tireur.
Les centres de planning familial sont aux Etats-Unis les principaux à fournir des services gynécologiques: des examens préventifs, des contraceptifs mais aussi à réaliser des interruptions volontaires de grossesse. Cela en fait régulièrement des cibles de manifestations voire d'agressions pour les opposants radicaux à l'avortement.
Récemment, ces centres se sont retrouvés au coeur d'une polémique en raison de la diffusion de vidéos qui laissaient entendre que l'organisation vendait des cellules fœtales.
La chambre des représentants américaine, dominée par le camp républicain, a également tenté à plusieurs reprises de couper les fonds publics de l'organisation lors de discussions budgétaires. "Nous ne connaissons pas totalement les circonstances et les motifs de ce crime, et ne savons pas si le planning familial était la cible de l'attaque", a expliqué dans un communiqué Vicki Cowart, porte-parole de l'organisation.
Avant de dénoncer "des extrémistes (anti-avortement qui) créent un environnement toxique capable d'alimenter le terrorisme intérieur".