Le bilan des frappes russes de jeudi matin à Kiev s’est alourdi à 28 morts dont trois enfants, a indiqué le ministère ukrainien de l’Intérieur vendredi.
«Au cours de la nuit et de la matinée, les secouristes ont extrait 10 corps des décombres de l’immeuble résidentiel du district de Sviatochynski, dont celui d’un enfant de deux ans», a indiqué le ministère sur son compte Telegram, précisant que ces bombardements avaient fait 159 blessés dont 16 enfants.
«Si le monde ne vise pas un changement de régime en Russie, cela signifie que, même après la fin de la guerre, Moscou continuera à tenter de déstabiliser les pays voisins», a-t-il déclaré à l’occasion d’une conférence internationale à laquelle il participait par lien vidéo.
«Je crois que la Russie peut être poussée à mettre fin à cette guerre. C’est elle qui l’a commencée», a-t-il ajouté.
Volodymyr Zelensky a dénoncé un «nouveau spectacle meurtrier» infligé par la Russie, que les États-Unis pressent de mettre un terme à l’invasion de l’Ukraine, déclenchée il y a plus de trois ans.
Donald Trump a qualifié d’«écœurante» cette dernière vague d’attaques russes sur l’Ukraine.
Le président américain a confirmé qu’il allait bien prendre des sanctions contre la Russie, déclarant: «Je ne sais pas si cela va avoir un impact, mais nous allons le faire.»
Il avait donné dix jours, à compter de mardi, à Vladimir Poutine pour arrêter ce conflit armé – le pire en Europe depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale – qui a fait des dizaines, voire des centaines, de milliers de morts dans les deux camps.
«Terrifiant»
Plus tôt jeudi, M. Trump s’était emporté avec une virulence renouvelée, avertissant notamment l’ex-chef de l’État russe Dmitri Medvedev – l’actuel numéro deux du Conseil de sécurité, qui a récemment écrit sur X que «chaque nouvel ultimatum est une menace et un pas vers la guerre» – qu’il entrait «dans une zone très dangereuse».
La Russie a lancé 309 drones et tiré huit missiles de croisière pendant la nuit sur l’Ukraine, a relevé l’armée de l’air ukrainienne, ajoutant que la principale cible était Kiev, et affirmant avoir abattu 288 drones et trois missiles.
Des journalistes de l’AFP ont vu des immeubles résidentiels détruits, des voitures calcinées et retournées.
«C’est un choc, je n’arrive toujours pas à reprendre mes esprits, c’est très effrayant», a raconté à l’AFP Valentyna Chestopal, une habitante de Kiev de 28 ans.
Tymofiï a été réveillé par le «bruit d’un missile»: «Tout s’est mis à me tomber dessus, c’était terrifiant», a dit cet homme vivant dans le quartier Solomyansky, dont l’appartement a été détruit.
Sur X, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriï Sybiga a estimé qu’il était «temps de mettre la pression maximale sur Moscou».
De son côté, l’armée russe a assuré avoir frappé, dans la nuit, une base aérienne, un dépôt de munitions et des installations de production de drones en Ukraine.
Ville stratégique
Elle a aussi affirmé avoir conquis Tchassiv Iar, une petite ville d’importance stratégique dans la région de Donetsk (Est), où les troupes russes avancent lentement depuis des mois.
«C’est un mensonge total», a réagi auprès de l’AFP Viktor Tregoubov, le porte-parole du groupement de forces ukrainiennes Khortytsia, chargé de cette zone.
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Sur Telegram, Oleksandre Kovalenko, un spécialiste militaire ukrainien, a considéré qu’il était «trop tôt» pour annoncer que Tchassiv Iar était sous le contrôle des soldats russes, estimant que la défense de cette ville depuis plus de deux ans tenait déjà du «record absolu» pour l’armée ukrainienne.
Les nouvelles frappes sont intervenues avant un vote crucial au Parlement ukrainien, qui a approuvé jeudi à la mi-journée le rétablissement de l’indépendance des instances de lutte contre la corruption, revenant sur un précédent texte très critiqué.
Un total de 331 députés – le minimum requis étant de 226 – ont voté en faveur du projet de loi de Volodymyr Zelensky, qu’il a promulgué dans la foulée.
La Commission européenne a salué un texte qui rétablit les «principaux garde-fous» permettant l’«indépendance» des agences anticorruption.
La précédente loi, votée le 22 juillet, avait provoqué les premières manifestations d’ampleur en Ukraine depuis le début de l’invasion russe en 2022.
«Pendant que l’armée défend notre pays contre ces maudits Russes, nous, à l’arrière, sommes là pour faire pression sur nos dirigeants, pour que le pays pour lequel les soldats se battent en vaille la peine», a commenté auprès de l’AFP Anastassia, qui manifestait jeudi devant le Parlement avant le vote.












