Les investigations se poursuivaient par ailleurs pour établir formellement l'identité de l'assaillant, qui pourrait être Abdallah El-Hamahmy, un Egyptien de 29 ans arrivé en France il y a une semaine avec un visa touristique.
Après une première audition dimanche matin qui a tourné court, les enquêteurs ont tenté une nouvelle fois d'interroger le suspect mais ce dernier "refuse toujours de s'exprimer", a indiqué une source judiciaire en début de soirée.
Soigné à l'hôpital européen Georges-Pompidou pour des blessures sérieuses à l'abdomen après avoir été touché par les tirs de riposte d'un militaire, son état s'est nettement amélioré samedi, rendant les auditions "possibles" aux yeux du corps médical.
D'autres auditions pourront être programmées au cours de sa garde à vue, commencée samedi à 18H45, et dont la durée peut aller jusqu'à 96 heures, comme le prévoit la loi dans les affaires de terrorisme.
Vendredi vers 09H50, dans la galerie marchande du Carrousel du Louvre, l'agresseur, une machette dans chaque main, a foncé sur une patrouille de militaires en criant ""Allah Akbar"". Un premier soldat a été légèrement blessé au cuir chevelu, un second a tenté de repousser l'assaillant sans user de son arme, avant de tirer, à quatre reprises, le blessant grièvement. Dans l'un de ses sacs à dos, les enquêteurs ont retrouvé des bombes de peinture.
Le Louvre, musée le plus fréquenté du monde, fermé après l'agression, a rouvert dès samedi. Cette attaque a ravivé de douloureux souvenirs en France où une série d'attentats terroristes ont fait 238 morts en 2015 et 2016, et qui vit sous le régime exceptionnel de l'état d'urgence depuis quinze mois.
Plusieurs mystères demeuraient dimanche : l'homme hospitalisé est-il effectivement El-Hamahmy et, le cas échéant, quelles sont les motivations de ce jeune homme apparemment sans histoires, diplômé en droit et cadre commercial dans une entreprise aux Emirats Arabes Unis ?
L'attente de l'ADN
A Paris, c'est le parcours d'un solitaire qui se dessine : rien ne montre pour le moment qu'il ait eu des contacts avec des complices.
Ce résident aux E.A.U est légalement entré en France le 26 janvier par un vol en provenance de Dubaï, avant de séjourner dans une location à la semaine proche des Champs-Elysées. Le voyage était préparé de longue date: selon une source proche de l'enquête, l'appartement au tarif de 1.700 euros avait été réservé en ligne en juin, soit bien avant la demande de visa touristique déposée fin octobre, sous le nom dEL-Hamahmy.
Si ce nom apparaît aussi sur le permis de conduire de l'assaillant délivré aux Emirats en 2011, cette identité doit encore être confirmée par des tests ADN.
Pour ce faire, selon la même source, la Direction générale de la sécurité intérieure s'est mise en rapport avec les services spécialisés égyptiens. Des contacts vont être pris aussi avec les E.A.U et la Turquie, le passeport au nom dEl-Hamahmy contenant deux visas pour ce pays en 2015 et 2016.
Par ailleurs, aucune marque d'allégeance à un groupe terroriste n'a été retrouvée lors de la perquisition dans l'appartement, mais les enquêteurs cherchent à faire parler l'Iphone et la tablette qu'ils ont saisis.
Ils s'intéressent aussi à des tweets postés en arabe, quelques minutes avant l'attaque, sur un compte au nom de Abdallah El-Hamahmy et où il semble apporter son soutien au groupe terroriste; Daech, qui continue de menacer la France de représailles pour sa participation à la coalition militaire internationale en Irak et en Syrie.
Si le "caractère terroriste" de l'attaque "ne fait guère de doute" pour le président François Hollande, le père d'Abdallah El-Hamahmy, un haut gradé de la police égyptienne à la retraite, a dit son incrédulité à l'AFP, affirmant que son fils n'avait montré aucun signe de radicalisation.
Il a décrit un jeune directeur commercial de Charjah, aux Emirats, parti "en voyage d'affaires" à Paris et dont l'épouse, enceinte, se trouverait actuellement en Arabie Saoudite avec leur fils de sept mois. Il a indiqué être sans nouvelle de lui depuis vendredi.