Après le candidat de la droite François Fillon, affaibli par une enquête visant son épouse et deux de ses enfants pour des emplois fictifs présumés, Marine Le Pen, qui caracole en tête dans les sondages, est à son tour gênée par une affaire d'assistants parlementaires, à deux mois du premier tour du scrutin.
A l'issue de leur garde à vue par l'Office anticorruption, Catherine Griset, sa chef de cabinet, a été mise en examen pour recel d'abus de confiance. Thierry Légier, le garde du corps de la dirigeante d'extrême droite, a de son côté été relâché sans qu'aucune charge soit retenue contre lui à ce stade, a-t-on précisé.
Leur placement en garde à vue faisait suite à une perquisition lundi au siège du parti à Nanterre (Hauts-de-Seine), déjà été visité par les enquêteurs il y a un an dans le cadre d'une enquête préliminaire.
Marine Le Pen, qui réfute les soupçons d'emplois fictifs, dénonce une instrumentalisation de la justice destinée à déstabiliser sa campagne présidentielle.
Les enquêteurs se demandent si le parti d'extrême droite a mis en place un système pour que le Parlement européen prenne en charge, via des contrats d'assistants parlementaires, des salaires de cadres ou d'employés du mouvement en France.
Marine Le Pen pourrait également être visée par les investigations, car M. Légier et Mme Griset étaient salariés comme ses assistants au Parlement européen.
En parallèle, le Parlement européen réclame à Marine Le Pen, élue dans ses rangs, quelque 339.946 euros de salaires qu'il considère indûment versés à M. Légier, en 2011, et à Catherine Griset, de 2010 à 2016, car ils n'auraient pas occupé les fonctions d'assistants pour lesquelles ils ont été payés sur des fonds publics européens.
En l'absence de remboursement de la cheffe de file de l'extrême droite française, l'assemblée européenne devait commencer mi-février à recouvrer ces sommes en amputant de moitié l'indemnité de Marine Le Pen.
Ces déboires judiciaires ne semblent pas affecter la popularité de la candidate, donnée largement en tête du premier tour de l'élection présidentielle le 23 avril et qui bénéficie d'intentions de vote en hausse au deuxième tour, même si elle reste donnée perdante quel que soit son adversaire.
Le Parlement européen avait saisi la justice française en mars 2015 après les élections européennes de 2014 remportées en France par le Front national (FN), le parti d'extrême droite.
A cette époque, les soupçons portaient sur les conditions dans lesquelles étaient employés et payés 20 assistants d'élus du FN au Parlement européen, car leurs noms apparaissaient aussi sur l'organigramme du parti en France. Des faits qui s'ajoutent à ceux concernant Thierry Légier et Catherine Griset.
De son côté, le gendarme antifraude de l'Union européenne, l'Olaf, a transmis en juillet un rapport à la justice française.
Dans le cadre de l'enquête des juges d'instruction, une perquisition a eu lieu lundi au siège du FN près de Paris.