"Ça y est ils arrivent... Les migrants dans notre centre-ville", peut-on lire sur ces affiches. La photo représente des hommes noirs ou basanés, barbus ou la tête couverte d'une capuche, massés devant la cathédrale de Béziers. Elle est surmontée de la phrase: "L'État nous les impose".
Le gouvernement français, qui veut fermer le bidonville de Calais (nord) où s'entassent de 7.000 à 9.000 migrants, a entrepris l'ouverture de centres d'accueil de petite dimension répartis dans toute la France, en plus des structures destinées aux demandeurs d'asile déjà existantes.
Si la plupart des centres s'ouvrent progressivement sans remous particulier, dans certaines communes l'initiative passe mal auprès des élus qui se plaignent de ne pas avoir été consultés, et de la population traumatisée par les attentats jihadistes qui ont frappé la France. Plusieurs centres ont fait l'objet de dégradations ou d'incendies avant même leur ouverture.
Le maire de Béziers Robert Ménard, un électron libre élu en 2014 avec les voix du parti d'extrême droite Front National, est coutumier des polémiques et des provocations. Le 5 septembre il avait déclaré lors d'un débat télévisé qu'être Français c'est "être européen, blanc et catholique".
Vendredi, Robert Ménard s'était insurgé contre l'ouverture d'un centre à Béziers alors que selon lui "la municipalité travaille depuis deux ans pour redynamiser son centre-ville".
Il a annoncé son intention d'organiser un référendum dont l'intitulé de la question serait: "Approuvez-vous l'installation de nouveaux migrants, imposée par l'État, sans consultation du conseil municipal?".
Ce type de consultation est illégal. La justice a invalidé un référendum que voulait organiser sur ce thème le maire d'Allex, une petite commune du sud de la France.
Réagissant à la diffusion des affiches, le gouvernement, par le biais de la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra), a saisi le procureur de la République de Béziers devant "ce qui constitue de manière flagrante une provocation à la haine".
"Dans la période que nous connaissons, les ciblages répétés de personnes ou de groupes en raison de leur origine ou de leur croyance ne sauraient être acceptés", a souligné la Dilcra dans un communiqué, estimant cette initiative "est d'autant plus grave lorsqu'elle est le fait d'un élu de la République".
L'association SOS Racisme a également annoncé mardi soir son intention de saisir la justice.