Depuis le mercredi 24 avril, le secrétaire d’État américain Antony Blinken effectue sa deuxième visite en Chine en moins d’un an pour tenter de réduire les tensions entre les deux plus grandes économies du monde. Si celles-ci se sont atténuées depuis sa précédente visite, en juin dernier, des différends persistent, notamment les restrictions américaines sur les exportations vers la Chine de technologies avancées, dont les semi-conducteurs. Le réseau social TikTok, menacé d’interdiction aux États-Unis, figure aussi parmi les points d’achoppement
Avant son déplacement, Antony Blinken avait indiqué qu’il soulèverait avec ses interlocuteurs chinois des questions délicates, telles que les pratiques commerciales de la Chine, le soutien de Pékin à Moscou ou encore la question de Taïwan.
Les relations entre les deux puissances «commencent à se stabiliser», a estimé vendredi le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, mettant toutefois en garde contre la persistance d’«éléments négatifs ».
«Les relations sont confrontées à toutes sortes de difficultés. Les droits légitimes de la Chine en matière de développement ont été indûment opprimés et nos intérêts fondamentaux sont remis en question», a-t-il souligné, dans une allusion aux restrictions américaines dans le secteur technologique. «La Chine et les Etats-Unis doivent-ils continuer à aller dans la bonne direction, celle de la stabilité, ou retourner dans celle d’une détérioration?», a feint de s’interroger Wang Yi.
Pression «déraisonnable»
En amont des discussions avec son homologue, Antony Blinken a affirmé qu’il serait «très clair, très direct» avec lui, tout en disant espérer «des progrès sur les questions sur lesquelles nos présidents se sont mis d’accord». Les deux pays doivent être aussi «clairs que possible dans les domaines dans lesquels nous avons des divergences, au moins pour éviter les malentendus et les erreurs de calcul», a déclaré M. Blinken.
Le déplacement du chef de la diplomatie américaine, qui s’achève ce vendredi, est le signe d’une baisse des frictions entre la Chine et les Etats-Unis, exacerbées sous l’ancien président Donald Trump, lequel promet à nouveau une ligne dure face à Pékin s’il remporte les élections de novembre.
Le président Joe Biden, tout en recherchant une plus grande stabilité entre les deux plus grandes économies du monde, maintient toutefois la pression. M. Blinken devrait plaider pour la retenue, alors qu’un nouveau président sera investi le 20 mai à Taïwan.
L’archipel a d’autant plus de chances de figurer parmi les questions délicates susceptibles d’être soulevées que le Congrès américain a donné mardi son feu vert à une enveloppe d’assistance militaire de 95 milliards de dollars à destination d’alliés de Washington tels que Taipei.
Il devrait aussi faire part des préoccupations américaines sur les pratiques commerciales de la Chine, que Washington juge anticoncurrentielles, une question essentielle pour le président Joe Biden en cette année électorale.
La volonté du gouvernement de Joe Biden de collaborer avec la Chine contraste fortement avec les efforts déployés pour isoler la Russie depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022. Si les Chinois ne fournissent pas directement d’armes à la Russie, Washington les a accusés ces dernières semaines de livrer du matériel et des technologies à double usage à ce pays qui facilitent son effort de réarmement.