Ce drame, qui a mobilisé toute la nuit enquêteurs et secouristes autour du poids lourd et des victimes inanimées gisant autour, rappelle par ses circonstances l'attentat au camion-bélier du 14 juillet à Nice en France, le soir de la fête nationale (86 morts).
La chancelière allemande a parlé d'"attentat terroriste" et laissé entendre que son auteur était probablement un demandeur d'asile.
"Je sais que cela serait pour nous particulièrement difficile à supporter s'il se confirme que cet acte a été commis par une personne qui a demandé à l'Allemagne protection et asile", a-t-elle déclaré.
Selon le quotidien Bild, le conducteur du camion ayant projeté son véhicule sur la foule sur l'un des marchés de Noël les plus fréquentés de la capitale allemande est un Pakistanais de 23 ans. Il aurait suivi la route des Balkans pour arriver en Allemagne comme demandeur d'asile en février 2016, en provenance du Pakistan ou d'Afghanistan.
Alors que l'enquête a été confiée au parquet anti-terroriste, la police a mené des perquisitions mardi matin dans l'un des grands centres de réfugiés de Berlin, dans l'ancien aéroport de Tempelhof, rapportent plusieurs médias allemands. Le suspect, arrêté lundi soir peu après les faits, pourrait y avoir séjourné.
Angela Merkel a vu immédiatement les critiques au sujet de sa politique d'immigration généreuse redoubler.
"Ce sont les morts de Merkel!", a dénoncé sur son compte Twitter l'un des responsables du parti de droite populiste Alternative pour l'Allemagne (AfD), Marcus Pretzell. "L'Allemagne n'est plus sûre" face "au terrorisme de l'islamisme radical", a renchéri la figure de proue de l'AfD, Frauke Petry, en mettant en cause la décision de la chancelière d'ouvrir les portes du pays à l'été 2015 à près de 900.000 réfugiés fuyant la guerre et la misère, originaires pour l'essentiel du monde musulman. Environ 300.000 supplémentaires sont arrivés en 2016.
Un bilan provisoire du drame de lundi soir fait état d'au moins "12 morts" et 48 personnes hospitalisées, dont certaines dans un état grave.
Aucune indication n'a été donnée sur l'identité des victimes. L'une d'elles, retrouvée dans la cabine du camion, est un ressortissant polonais "tué par balle", peut-être le chauffeur en titre du véhicule à qui il a été volé, selon un porte-parole du ministère régional de l'Intérieur.
Les drapeaux des bâtiments publics ont été mis en berne et une cérémonie du souvenir doit se tenir à 11H00 GMT à la cathédrale Saint-Hedwige, dans le centre de la ville.
"J'ai juste vu ce gigantesque camion noir qui a foncé à travers le marché et renversé tellement de gens, puis toutes les lumières se sont éteintes et tout était détruit", a raconté une touriste australienne, Trisha O'Neill.
Il y avait "du sang et des corps partout", y compris d'enfants et de personnes âgées, a-t-elle ajouté. "On voyait des gens transportés dans des ambulances, encore et encore, et ça semblait ne jamais devoir finir", a confié de son côté une autre touriste, Sabrina Glinz, à la chaîne britannique Sky News.
Le drame s'est déroulé au pied de l'église du Souvenir, monument phare de l'ouest de la capitale allemande au clocher éventré par les bombardements de la Seconde guerre mondiale. Le camion a été évacué mardi matin.
Les réactions de solidarité se sont multipliées, de la France aux Etats-Unis, alors que l'Europe est régulièrement la cible d'attentats revendiqués par des groupes jihadistes. Le président russe Vladimir Poutine s'est dit "choqué" par la "brutalité et le cynisme" de l'attaque.
Le drame de Berlin rappelle l'attentat de Nice en France en juillet, lorsqu'un Tunisien avait foncé avec son poids lourd sur la Promenade des Anglais sur près de deux kilomètres. Il avait tué 86 personnes et fait plus de 400 blessés, avant d'être abattu par la police. Cet attentat avait été revendiqué par l'organisation Etat islamique (EI).
L'utilisation de véhicules, notamment de camions, pour foncer dans des foules de "mécréants" et faire le plus de victimes possible est préconisée de longue date par les groupes jihadistes.
Dans son web-magazine Inspire, en septembre 2014, le groupe Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) écrivait: "L'idée est d'utiliser un gros véhicule. Vous pouvez prendre un pick-up, le plus gros est le mieux. Pour faire des dégâts maximum, vous devrez rouler le plus vite possible en gardant le contrôle du véhicule pour avoir le maximum d'inertie et pouvoir renverser autant de gens que possible".
L'Allemagne avait été jusqu'ici épargnée par des attaques jihadistes d'ampleur, mais plusieurs attentats islamistes ont été récemment commis par des personnes isolées.
L'EI a revendiqué en juillet deux attentats séparés qui ont fait plusieurs blessés, l'un à la bombe et l'autre à l'arme blanche, commis par un Syrien de 27 ans et par un demandeur d'asile de 17 ans, probablement afghan.