De très nombreux Français se souviennent avec effroi de cette soirée d’automne: vers 21h20, le 13 novembre 2015, trois kamikazes se font exploser près du Stade de France à Saint-Denis, dans la banlieue nord de Paris, où se joue un match de football France-Allemagne. Un chauffeur de car est tué.
Peu après, le «commando des terrasses» mitraille bars et restaurants dans des quartiers animés de la capitale: Le Petit Cambodge, Le Carillon, La Bonne Bière, Le Comptoir Voltaire, La Belle Équipe.
À 21h40, un dernier commando arrive au Bataclan, une salle de spectacle parisienne où se produit le groupe de hard-rock américain Eagles of Death Metal. Les premières victimes tombent sur le trottoir, puis les tueurs ouvrent le feu dans la salle. L’attaque se poursuit pendant près de trois heures, jusqu’à l’assaut des forces d’élite.
Les attaques, revendiquées par l’organisation État islamique (EI), font 130 morts — dont 90 au Bataclan — et plus de 350 blessés. Deux rescapés du Bataclan se sont depuis suicidés, portant le bilan à 132 morts.
La journée de commémoration, jeudi, doit suivre cette macabre trajectoire. Le président Emmanuel Macron se rendra sur chacun des lieux des attentats.
Elle commencera par un hommage à Manuel Dias, première victime des jihadistes, et aux blessés de l’attaque du Stade de France, à Saint-Denis, à 11h30 (10h30 GMT).
À Paris, des cérémonies sont prévues sur chaque lieu, des terrasses endeuillées de l’est de la capitale au Bataclan, entre 12h30 et 14h30.
Tour Eiffel illuminée
Les commémorations seront retransmises en direct place de la République — lieu emblématique de rassemblement — où la mairie de Paris a appelé les habitants «à faire un geste commémoratif en déposant une bougie, une fleur ou un mot».
Un jardin en hommage aux victimes du 13-Novembre doit être inauguré en fin de journée derrière l’Hôtel-de-Ville, en plein cœur de Paris, lors d’une cérémonie «dédiée aux 132 morts, aux survivants, aux familles et à tous ceux qui se sont tenus à leurs côtés».
En outre, mercredi et jeudi soir, la Tour Eiffel «s’illuminera en bleu, blanc et rouge (…) dès la tombée de la nuit», selon la mairie.
Le 13 novembre 2025 est aussi la date choisie par l’association de victimes Life for Paris pour officialiser sa dissolution: une décision mûrement réfléchie «pour ne pas s’enfermer» dans le statut de victime, a expliqué son président Arthur Dénouveaux, rescapé du massacre du Bataclan.
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Pour François Hollande, président français de l’époque, qui se trouvait ce soir-là au Stade de France, les cérémonies «s’adressent d’abord aux survivants et aux proches des victimes». «C’est le devoir que nous avons à leur égard. Ne rien oublier», a-t-il déclaré à l’AFP.
Année noire
«Vous êtes des individus qui ont commis l’irréparable. Nous, nous sommes la démocratie, elle gagne, elle gagne toujours à la fin», a-t-il ajouté, rappelant les propos qu’il avait tenus aux terroristes lors du procès en 2021.
Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos jihadistes, a été condamné en juin 2022 en France à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible pour sa participation aux attentats. Les neuf autres membres des commandos se sont fait exploser ou ont été abattus par les forces de l’ordre.
Les attentats du 13-Novembre concluaient une année 2015 marquée par une série d’attaques jihadistes meurtrières en France: la tuerie à l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo à Paris le 7 janvier (12 morts, dont les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski), le meurtre d’une policière municipale le 8 janvier en banlieue parisienne, la prise d’otage au magasin Hyper Cacher le 9 janvier (4 morts), le meurtre d’une mère de famille de 32 ans sur un parking près de Paris le 19 avril, et la décapitation d’un chef d’entreprise le 26 juin à Saint-Quentin-Fallavier (sud-est).
Le 21 août, un Marocain mandaté par l’EI était monté à Bruxelles dans le train Amsterdam-Paris, lourdement armé et transportant une bouteille remplie de liquide inflammable. Il avait grièvement blessé un passager avant d’être maîtrisé par d’autres voyageurs, dont deux soldats américains en civil.
Un Musée-mémorial du terrorisme (MMT), dont l’ouverture est prévue fin 2029 ou début 2030 à Paris, consacrera une part importante de sa collection au 13-Novembre, avec près de 500 objets liés aux attentats, pour la plupart issus de dons de victimes ou de familles endeuillées.












