"Le Mexique, on le respecte, Mr Trump", pouvait-on lire sur une immense pancarte en tête de cortège à Mexico où 20.000 personnes ont défilé, selon le gouvernement local.
Agitant des drapeaux mexicains, vêtus pour certains de blanc, les manifestants ont envahi la principale avenue de la capitale mexicaine, à l'appel d'organisations civiles, d'entreprises et d'universités.
"Nous sommes ici pour que Trump voie et sente comment tout un pays, uni, se lève contre lui et ses idioties xénophobes, discriminatoires et fascistes. Le Mexique ne sera pas son esclave", a assuré à l'AFP Julieta Rosas, une étudiante en littérature portant un tee-shirt représentant le président américain affublé d'une moustache à la Hitler.
Erick Smith, Américain marié à une Mexicaine, brandissait lui une pancarte disant "Sorry Mexico". "Je ne veux pas de ce mur, chaque fois que je viens en vacances au Mexique je me sens à la maison. Je suis venu dire que mon président me fait honte. Je suis venu dire au Mexique que je suis désolé", a-t-il confié.
Grave crise diplomatiqueA Guadalajara (ouest), deuxième ville du pays, quelque 10.000 personnes ont manifesté, en majorité des étudiants. Les défilés ont été plus modestes dans le reste du Mexique. Ce mouvement de protestation survient au moment où les Etats-Unis et le Mexique traversent leur plus grave crise diplomatique depuis des décennies.
Une partie des manifestants ad'ailleurs ciblé le président mexicain dimanche, l'appelant à se montrer plus ferme face à son homologue américain. "Peña Nieto, respecte-moi avec courage face à Trump", disait ainsi une pancarte du cortège à Mexico.
"Trump est un danger et Peña Nieto n'a pas été à la hauteur. Il ne nous a pas défendus, ou il l'a fait de façon trop faible. Il ne s'est pas imposé", a déclaré à l'AFP Héctor Morales, commerçant de 50 ans, venu manifester.
"Bad hombres"Montée en puissance pendant la campagne du candidat républicain, qui avait traité certains Mexicains de "criminels", de "violeurs" ou de "bad hombres" ("mauvais hommes") et accusé d'autres de voler les emplois des Américains, la crise diplomatique entre Mexico et Washington a éclaté au grand jour peu après la prise de fonction de Trump, le 20 janvier dernier.
Son décret en vue de faire construire un mur à la frontière, censé freiner l'immigration illégale, et son intention de le faire financer par le Mexique ont poussé Enrique Peña Nieto à annuler sa visite à Washington prévue pour le 31 janvier dernier.
Le président républicain veut également renégocier, voire abroger, l'Accord nord-américain de libre-échange (ALENA), trop favorable aux intérêts mexicains, selon lui..
Depuis, les deux hommes se sont parlés au téléphone et ont convenu que leurs équipes se réuniraient pour sortir de l'impasse. Le chef de la diplomatie mexicaine, Luis Videgaray, s'est d'ailleurs rendu à Washington mercredi, se félicitant ensuite d'une "bonne première réunion (...) cordiale (...) respectueuse et (...) constructive" avec le nouveau secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson.
Mais dans le pays, la colère persiste et, ces dernières semaines, les appels à boycotter les produits américains, comme Starbucks, McDonalds et Coca-Cola, et à manifester son patriotisme, par exemple en mettant le drapeau mexicain comme photo de profil sur Internet, se sont multipliés.
La volonté affichée par l'Administration Trump d'accélérer l'expulsion des immigrants illégaux inquiète aussi le gouvernement mexicain qui a invité ses ressortissants vivant aux Etats-Unis à "prendre des précautions".
Il réagissait ainsi au renvoi au Mexique, jeudi, de Guadalupe Garcia de Rayos, une femme de 35 ans, mère de deux enfants nés aux Etats-Unis, au lendemain d'une visite de routine auprès des autorités migratoires à Phoenix, dans l'Arizona.
Son cas a suscité des manifestations devant les bureaux de l'immigration, selon des médias américains.
Le président Peña Nieto s'est engagé à verser 50 millions de dollars aux consulats mexicains aux Etats-Unis afin d'apporter une aide juridique à ses concitoyens.