Côte d’Ivoire: les «vives protestations» d’Abidjan après le mandat lancé contre Guillaume Soro

Guillaume Soro, président de l'Assemblée nationale ivoirienne. 

Guillaume Soro, président de l'Assemblée nationale ivoirienne.  . dr

La Côte d’Ivoire proteste «vivement» contre le mandat d’amener lancer le lundi 7 décembre par la justice française à l’encontre de Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne. Et c’est le ministre d’Etat ivoirien, Charles Diby Koffi, qui a donné la réplique du gouvernement.

Le 08/12/2015 à 18h38

Charles Diby Koffi a reçu dans la matinée de ce mardi 8 décembre l’ambassadeur de France, Georges Serre, à qui il a remis un courrier adressé à son homologue français. «Nous avons demandé que cette note soit transmise au ministre français des affaires étrangères et du Développement international de France, M. Laurent Fabius, parce que la Côte d’Ivoire estime que le Mandat d’amener qui a été émis par le juge d’instruction et vice-présidente du Tribunal de Grande instance, madame Sabine Kheris, viole totalement les coutumes et la pratique diplomatique, viole également les accords de coopération qui unissent nos pays depuis 1961 en matière judiciaire ainsi que les traités internationaux auxquels nous sommes tous soumis», a expliqué le ministre ivoirien à la presse.

Cela d’autant plus que Guillaume Soro, qui jouit d’une immunité diplomatique en raison de son rang, était en mission officielle dans le cadre de Conférence sur le Climat à Paris (Cop 21), souligne le ministre : « il faut le rappeler, le séjour du président de l’assemblée nationale se fait sous mandat de représentation émis par le président de la République (de Côte d’Ivoire, ndlr).

Dans ces conditions, il bénéficie d’une immunité absolue ; aucun mandat ne peut être émis à son encontre». Avant d’exiger que «le mandat émis soit totalement annulé et soit de nul effet et c’est pour cela que nous avons remis ce courrier de vive protestation à notre homologue français».

Plus tôt dans la journée, Jean-Paul Benoit et Jean-Pierre Mignard, les avocats de la deuxième personnalité ivoirienne avaient dénoncé dans un communiqué «un mandat délivré en méconnaissance des pratiques et usages diplomatiques admis et reconnus», annonçant par la même occasion la saisit de la justice française «d’une plainte en dénonciation calomnieuse contre Monsieur Michel Gbagbo».

Premier ministre et ministre de la défense à l’époque des faits de l’arrestation de Michel Gbagbo, le 11 avril 2011 (dans le contexte de crise post-électorale), Guillaume Soro est présenté dans la plainte déposé par le fils de l’ex-chef d’Etat comme le principal instigateur des traitements «inhumains et dégradants», qu’il auraient subis lors de sa détention à Bouna, dans le nord du pays. Des accusations qualifiées d’ «abusive» par Jean-Paul Benoit et Jean-Pierre Mignard.

Par Georges Moihet
Le 08/12/2015 à 18h38