Des protestations diplomatiques ont été envoyées et «l’ambassadeur chinois aux Philippines a également été convoqué», a déclaré la porte-parole du ministère philippin des Affaires étrangères, qui a ajouté que considérer le diplomate «persona non grata» était également «quelque chose qui doit être sérieusement envisagé».
Selon des vidéos diffusées par les garde-côtes philippins, des navires chinois ont tiré au canon à eau sur des bateaux philippins au cours de deux missions distinctes de ravitaillement, samedi et dimanche, l’une de pêcheurs, près du récif de Scarborough Shoal, et l’autre d’une petite garnison près de l’atoll Second Thomas.
Un bateau philippin et un navire des garde-côtes chinois sont entrés en collision dimanche vers l’atoll Second Thomas dans les eaux des îles Spratleys, les deux pays se rejetant la responsabilité de l’incident. Ces confrontations constituent une «grave escalade» de leurs tactiques, a déclaré lundi Jonathan Malaya, directeur général adjoint du Conseil national de sécurité philippin.
Manille et Pékin entretiennent une longue histoire de différends maritimes en mer de Chine méridionale par laquelle transitent chaque année des milliards de dollars de marchandises. Dans un communiqué dimanche soir, le président Ferdinand Marcos a déclaré que les Philippines n’étaient «pas découragées» par ces derniers incidents. «Personne, à l’exception des Philippines, n’a le droit légitime ou la base légale d’opérer où que ce soit dans la mer occidentale des Philippines», a-t-il affirmé, employant le le nom d’usage des eaux de la mer de Chine méridionale situées à l’ouest immédiat des Philippines.
«Conduite dangereuse»
Dimanche, le Département d’État américain a appelé la Chine à «renoncer à sa conduite dangereuse et déstabilisatrice» en mer, tandis que des diplomates étrangers à Manille ont également critiqué le comportement de la Chine. Ces dernières confrontations ont été les plus intenses entre navires philippins et chinois depuis des années, selon les analystes, Pékin et Manille cherchant à faire valoir leurs revendications territoriales maritimes respectives.
«Je m’attends à ce que cela devienne encore plus fréquent et persistant», a déclaré à l’AFP Jay Batongbacal, directeur de l’Institut des affaires maritimes et du droit de la mer de l’Université des Philippines. «Nous devons profiter de l’occasion pour renforcer nos alliances et nos partenariats et nous préparer au pire car il est clair qu’ils continueront à nous priver de l’accès à nos droits et à nos ressources en tant que pays», a ajouté M. Batongbacal.
Song Zhongping, analyste et ancien officier de l’armée chinoise, a déclaré que Manille se sentait «enhardi à provoquer la Chine» par le soutien américain qui exacerbe les tensions. «Si les Philippines maintiennent ce cap et estiment qu’elles peuvent provoquer la Chine avec le soutien de pays extérieurs à la région (...) alors un conflit ou une autre éventualité pourrait éclater au récif de Ren’ai ou sur l’île de Huangyan», a déclaré M. Song, utilisant le nom chinois désignant l’atoll Second Thomas et Scarborough Shoal.
Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, y compris des eaux et des îles proches des côtes de ses voisins, et a ignoré la décision d’un tribunal international en 2016 rejetant cette affirmation sans fondement juridique. Les Philippines, Brunei, la Malaisie, Taïwan et le Vietnam revendiquent également plusieurs récifs et îlots dans cette mer, dont certaines zones pourraient receler de riches réserves de pétrole.