Des opérations de secours sont toujours en cours, ont indiqué les autorités saoudiennes, laissant entendre que le bilan, qui ne cesse de s’alourdir, n’est pas encore définitif. Selon un responsable du ministère de la Santé, la bousculade est survenue lorsqu’une marée humaine quittant l’une des stèles a rencontré une foule venant en sens inverse
"Si les pèlerins avaient suivi les instructions, on aurait pu éviter ce genre d’accident", a déclaré le ministre de la Santé, Khaled al-Faleh à la télévision publique El-Ekhbariya après s’être rendu sur place. "De nombreux pèlerins se mettent en mouvement sans respecter les horaires" fixés par les responsables de la gestion des rites, a-t-il dit.
Le ministre de la Santé a évité tout au long de la journée de nommer un quelconque responsable mais, en début de soirée, le site de son ministère était on ne peut plus clair : “Les pèlerins iraniens n’ont pas respecté les horaires fixés par les autorités saoudiennes, causant la bousculade.”
90 Iraniens parmi les victimes
De son côté, l’Iran dont 90 de citoyens ont trouvé la mort, n’a pas tardé à réagir, imputant la bousculade à des erreurs de sécurité. "Pour des raisons qu’on ignore", un chemin a été fermé près de l’endroit où les pèlerins effectuent le rituel de la lapidation symbolique de Satan, a affirmé le chef de l’organisation iranienne du Hajj. "C’est cela qui a causé ce tragique drame", a ajouté Saïd Ohadi sur la télévision d’Etat iranienne.
Côté sécurité, l'Arabie saoudite a mobilisé 100.000 policiers pour le pèlerinage et, tout au long du Hajj, le flot des pèlerins, nombreux à s'abriter du soleil à l'aide de parapluies, a été canalisé par les cordons des forces de sécurité et de volontaires distribuant eau et nourriture.
Rivalité autour des Lieux SaintsAlors que l’enquête ne fait que commencer, ces déclarations sont révélatrices des tensions entre l’Iran et l’Arabie saoudite autour des Lieux Saints de l’islam. Dès l'instauration du régime islamique en Iran, en 1979, le pélerinage de la Mecque et de Médine est devenu l'occasion d'affrontements récurrents entre pélerins iraniens et policiers saoudiens. Les premiers ont saisi à chaque fois l'occasion pour vilipender la famille des Al Saoud et ses «parrains américains». Les seconds, dénonçant une «hérésie», ont eu recours à tous les moyens pour prévenir une manifestation qui suscitait le doute sur la capacité des Saoudiens à gérer seuls les sanctuaires de l'Islam.
Au-delà de l'hostilité traditionnelle entre Arabes et Persans, entre sunnites et chiites, cet affrontement met en lumière la compétition que la monarchie saoudienne et le régime des mollahs se livraient pour affirmer la légitimité de leur leadership sur la communauté musulmane.
Le dernier drame au Hajj remonte au 6 janvier 2006 où 76 personnes avaient péri dans l'effondrement d'un hôtel vétuste à La Mecque et, le 12 janvier, 364 pèlerins étaient morts dans une bousculade pendant le rituel de la lapidation des stèles de Satan.