Un témoin, qui préfère rester anonyme, a entendu les premiers coups de feu. Deux ou trois détonations, qui se réverbèrent contre les immeubles qui encadrent le boulevard.
"J'étais à l'horodateur. Pour moi, ce sont des pétards, je me dis que c'est une manifestation", raconte-t-il. Il ne voit rien. Mais en retournant à son véhicule pour déposer son ticket de stationnement, il entend une nouvelle série de tirs. "J'entends quatre, cinq, six coups, cette fois c'est un peu plus important. Je ferme ma voiture, je regarde autour de moi. C'est à ce moment-là qu'on prend conscience que quelque chose ne va pas".
Il se réfugie dans les bureaux d'une agence située à quelques mètres. C'est lui qui prévient la personne à l'accueil. Puis c'est la panique à l'extérieur. "Les gens commencent à courir. L'agence réagit bien, elle ferme portes et volets. On est resté cloîtré une heure et demie".
La police, arrivée rapidement sur les lieux, demande à tous les gens de rentrer, de s'éloigner des fenêtres, et aux commerçants de fermer leurs portes, explique le gérant d'un café situé sur le boulevard. "En moins de 10 minutes, le quartier était bouclé", selon le premier témoin. "Je n'ai rien vu, seulement entendu. Mais ma meilleure amie l'a vu, le tireur avec deux armes, elle était dans le bus", précise-t-il encore, toujours abasourdi plusieurs heures après les faits.
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Le suspect, habillé de noir et baskets blanches, selon des images diffusées par la télévision RTL a commencé par suivre deux policières. Il les agresse par l'arrière, les larde de coups de couteux. "Il s'est ensuite emparé de leurs armes de services et s'en est servi (sur elles)", détaille le procureur de Liège Philippe Dulieu. Il continue alors son parcours, et tire sur le passager d'un véhicule qui était garé non loin. Le jeune homme de 22 ans est tué.
L'homme prend alors la direction d'un complexe scolaire, l'Athénée Léonie de Waha, et prend en otage une employée. "Il y a eu une prise d'otage. Les policiers sont intervenus, il a fait une sortie en faisant feu sur les policiers, en blessant plusieurs aux jambes, et a été abattu", rapporte Philippe Dulieu. Le suspect, mort des suites de ses blessures, a tué trois personnes.
A midi, seuls des parents d'élèves franchissent les cordons policiers, entre tension, affolement et stupéfaction qu'un tel événement ait pu se produire. Sur le trottoir, un employé de l'école refuse de parler, "trop sous le choc". "Tous les enfants vont bien. Ceux du primaire et de la maternelle n'ont rien vu et ont été évacués par la porte de derrière", indique Julie Fernandez, élue locale et députée fédérale, mais aussi mère d'un élève de 7 ans. Rassurée sur le sort de son fils, elle essaie d'aider les autres parents qui sont venus dans l'urgence.
Un des enfants a raconté à la RTBF qu'ils étaient en train de jouer au foot. "Nous avons entendu un boom. C'était l'arme. Tous les profs ont dit: Bougez, bougez!. Nous sommes donc passés vers les locaux des plus petits, nous sommes rentrés par la fenêtre et nous sommes venus dans l'autre école", a-t-il expliqué. "Tout le monde pleurait. On ne se sentait pas bien", confie une petite fille au même média.
En milieu d'après-midi, le boulevard est toujours fermé, aux véhicules et aux piétons. La pluie fait son apparition, rafraîchissant l'atmosphère, très lourde. Plusieurs riverains attendent de pouvoir rentrer chez eux. La police scientifique est encore en train de prendre des photos.
"Il y a une douille juste là", pointe du doigt un voisin qui attend depuis plusieurs heures. Il s'inquiète des victimes: selon plusieurs médias belges, les deux policières étaient préposées au stationnement. "Mais oui, la petite blonde, je la voyais souvent", se désole une autre voisine en se prenant la tête dans les mains.