Voilà 43 jours que le président Abdelmadjid Tebboune a été transféré d’urgence en Allemagne. 43 jours sans la moindre image du président malade, sans le moindre signe de vie. Si ce n’est ces communiqués artificieux des mégaphones du Palais El Mouradia annonçant son retour «dans les tout prochains jours».
Les Algériens deviennent même nostalgiques de cette époque où ils devaient se contenter de voir leur Raïss dans un cadre photo, ou en peignoir sur fauteuil roulant, dans un conciliabule surréaliste avec les pontes du régime. Car Abdelmadjid Tebboune a battu le record d’absence déjà établi par son prédécesseur…
Un mois à peine après sa première hospitalisation en France, fin avril 2013, Abdelaziz Bouteflika fait sa première apparition. C’était en mai, à l’hôpital des Invalides où le président a été transféré pour sa «période de réadaptation fonctionnelle», selon son staff médical. Une vidéo sans audio montrait Bouteflika recevoir, en robe de chambre noire, son premier ministre de l'époque Abdelmalek Sellal et le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah. Le tout sous le portrait bienveillant du président François Hollande, accroché aux lambris de bois dans le mur de cet établissement militaire français… Un détail qui avait bien fait jaser à l’époque…
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Dans ce remake du «patient algérien» avec Abdelmadjid Tebboune, dans le rôle principal, même un tel simulacre d’activité n’est pas réalisé. Ce qui confirme l’état critique de sa santé et son indisponibilité qui devrait durer plusieurs mois, selon des médias bien informés. Et plus cette absence se prolonge, plus les langues se délient et plus les thèses conspirationnistes prennent de l’ampleur.
Des sources proches du pouvoir algérien soutiennent que suite à l’AVC de Tebboune à l’hôpital Aïn Naâdja, il a dû subir trois interventions chirurgicales en Allemagne: une ablation de la rate et deux autres opérations sur les poumons et le foie. C’est le chef d’état-major de l’armée, Saïd Chengriha, qui aurait même demandé au ministère de la Santé de trouver un établissement de santé dans un pays étranger pour prendre en charge le président «mourant», à en croire les mêmes sources. Celles-ci affirment que par cet ordre, le général Chengriha voulait se mettre à l’abri de tout soupçon de complot contre le président Tebboune. Car dans les sas du pouvoir d’Alger, une autre thèse est murmurée et impliquerait Chengriha dans une affaire d’empoisonnement d’Abdelmadjid Tebboune. Ce dernier n’aurait d’ailleurs jamais été atteint du Coronavirus et serait pris en charge dans une clinique à Berlin réputée pour soigner des cas d’empoisonnement rares, selon les défenseurs de cette thèse.
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Quel que soit le funeste scénario - digne de ces films classiques de la guerre froide - la vacance du pouvoir en Algérie suscite déjà les convoitises. Les milieux politiques retiennent leur souffle en attendant l’enclenchement du processus d’empêchement par la Cour constitutionnelle, une fois que l’armée aura donné son feu vert officieux. D’autres vieux routiers de la politique algérienne se positionnent d’ailleurs déjà sur les starting block dans la future course à la succession. Parmi eux, le redoutable Ramtane Lamamra, qui se prévaut de sa longue expérience dans des postes gouvernementaux et qui se donne une carrure d’homme d’Etat pour tenter de se mettre sous l’aile protectrice de l’armée. Lamamra semble d’ailleurs remplir la principale case qui compte aux yeux du régime vert-kaki: sa «marocophobie» n’est plus à démontrer…