Jusqu’où ira Ahmed Gaïd Salah dans son acharnement à bloquer la voie à une (vraie) transition politique et dans sa volonté de maintenir le système en place contre la volonté populaire? A lire son dernier discours, prononcé hier, lundi 20 mai, depuis une région militaire, tout porte à croire qu’il ira jusqu’au bout.
Les Algériens ont beau manifester, de plus en plus belle, et notamment chez les étudiants, ils ont beau défier la chaleur, la faim et la soif de ce mois de ramadan, pour clamer haut et fort leurs demandes d'un report des élections, prévues le 4 juillet, et le départ de toutes les figures du système, y compris un Gaïd Salah cristallisant désormais toute la colère de la rue. Rien n’y fait cependant. Gaïd Salah semble résolument décidé à dresser son armée contre le peuple pour maintenir son agenda. Pour le meilleur? Certainement pas. Pour le pire? Le pire est justement à craindre.
En attendant, Gaïd Salah persiste et signe, rappelant au passage une de ses vieilles positions.
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"L’exigence du départ collectif de tous les cadres de l'Etat, sous prétexte qu'ils représentent les symboles du système" est "une revendication (...) irraisonnable, voire dangereuse et malveillante, qui vise à déposséder les institutions de l'Etat de ses cadres", a affirmé le général.
Souvenons-nous: il s’agit de la même position exprimée du temps où le chef de l’armée était le soutien indéfectible du régime Bouteflika et son protecteur en chef, avant d’opérer une volte-face à 180 degrés et d’entamer une véritable purge, entre autres au sein des piliers du système qu’il a si ardemment défendu.
Aujourd’hui, le face-à-face avec la rue est aussi palpable que patent. Le général Ahmed Gaïd Salah est seul contre la rue. Et ni le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, ni le Premier ministre, Noureddine Bedoui, castés pour jouer les fusibles, ne pourront rien y changer. D’ailleurs, comme pour défier ses compatriotes, le chef de l’armée et celui qui est désormais l'homme fort du pays ne cède pas d'un iota quant au maintien de la date de la prochaine présidentielle: ce sera le 4 juillet.
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"La tenue de l'élection présidentielle permettra d'éviter de tomber dans le piège du vide constitutionnel et de tout ce qui s'en suivra comme dangers et dérapages aux conséquences désastreuses", a estimé Gaïd Salah. Les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur ne sont d’ailleurs jamais loin. Et c’est ainsi que cette élection "mettra un terme" aux agissements de "tous ceux qui tentent de faire perdurer cette crise". Et dans ce qui ressemble de plus en plus, aujourd'hui, à un monologue que plus personne n’écoute, le chef d'état-major a appelé à faire "émerger de vrais représentants" qui transmettront "les revendications populaires dans le cadre d'un dialogue (...) avec les institutions de l'Etat".
Sauf que personne ne se bouscule au portillon.
Autant dire que Gaïd Salah reste obstinément sourd aux demandes des Algériens, le mouvement de contestation exigeant d’abord la mise sur pied d'institutions de transition ad hoc pour réformer le pays et le départ de tous les acteurs du "système". Rien de plus naturel qu’il soit désormais la cible des manifestants. Cela ne manquera pas d’être le cas ce mardi, journée traditionnelle des manifestations, au demeurant de plus en plus massives, d’étudiants et, surtout, vendredi prochain. Rendez-vous est pris.