"Il est clair que la décision de la démission de Saâdani de son poste de SG du FLN n’est pas celle de Saâdani comme le prétend ce dernier, mais celle du premier magistrat du pays. L’ex-patron du FLN a été éjecté par le vrai patron du FLN, le président Bouteflika, qui est le président du parti", tranche le journal «la Tribune».
Concernant les raisons de ce départ inattendu, le journal estime que Saâdani avait commis l’irréparable lors de sa sortie précédant la réunion du Comité central, le 5 octobre lors d’une conférence de presse à Alger. Il avait franchi la ligne rouge, en secouant violemment l’épicentre même de l’armée et d’autres institutions névralgiques par ses attaques virulentes contre l’ex-N°1 du DRS et les anciens officiers de l’armée française, sans compter ses nouvelles charges contre son adversaire, Abdelaziz Belkhadem, et sa famille (famille Belkhadem) qui "n’a rien à voir avec la révolution algérienne", selon ses dires.
"L’homme a subi une grande pression et la décision de la démission lui a été imposée en haut lieu. C’était nécessaire pour préserver l’Algérie et le parti", souligne le journal.
Son confrère «Le Temps d’Algérie» estime que tout porte à croire que Saadani a payé cash ses accusations, dans la mesure où ses sorties médiatiques sont souvent cadencées par des effractions publiques d’une rare violence contre tout ce qui bouge.
Selon le journal, Saadani a franchi les limites le 5 octobre en proférant de telles graves accusations contre pêle-mêle, le général à la retraite Mediene, dit Toufik, l’ex-patron du DRS ou Abdelaziz Belkhadem, ancien SG du FLN, mais aussi contre des moudjahidines.
"Jamais, un homme politique, qui plus est issu du FLN, ne s’est permis un tel affront contre notamment l’ex-patron des services de renseignements", fait remarquer le journal qui rapporte que la démission était minutieusement étudiée.
"Il a été demandé à Saadani d’annoncer son départ à l’issue de la réunion et non pas à son ouverture, mais il a épuisé l’ordre du jour et prononcé un long discours où il a réitéré avec insistance le soutien du parti à Bouteflika", raconte le journal.
"Personne ne présageait d’une fin aussi imprévisible pour l’inénarrable secrétaire général du FLN. Véritable éléphant dans un magasin de porcelaine, Ammar Saadani a vu ses missions de bélier au service de factions au pouvoir arriver à terme", note "El Watan", qui titre "Saadani poussé vers la sortie".
Outre le général Toufik, Ammar Saadani n’a pas raté d’autres responsables politiques du pays. En plus de l’opposition, il s’attaque aussi à des personnalités faisant partie du cercle restreint du pouvoir, rappelle le journal.
«Liberté» considère la démission de Saâdani comme "un énième soubresaut" dans la vie de ce parti et, comme tous les autres, il ne peut être que "la traduction concrète d’un changement de rapport de force au sommet, d’un recadrage décidé par qui de droit ou d’une reprise en main d’un appareil qui commençait à trop s’éloigner du cadre tracé".
"Car, s’il devait son parachutage à la tête du parti, il y a trois ans, à un calendrier clanique qu’il ignorait jusqu’au jour où lui fut remise sa lettre de mission sous forme d’instructions précises et pointues, il doit aujourd’hui son départ à une exigence de ce même calendrier dont il n’avait assurément pas connaissance", analyse l’éditorialiste.