Algérie. 19e vendredi: dispositif policier exceptionnel à Alger

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Un dispositif policier particulièrement important est déployé vendredi au coeur d'Alger, plusieurs heures avant la 19e grande manifestation hebdomadaire contre le régime, au lendemain d'une nouvelle fin de non recevoir de l'armée aux revendications des manifestants.

Le 28/06/2019 à 12h27

De très nombreux policiers en uniforme et en civil sont visibles. Une centaine de fourgons de police, bien plus que d'habitude, sont garés dans les rues du centre d'Alger, ainsi que des canons à eau et des bulldozers antibarricades, a constaté un journaliste de l'AFP. La police procède à de très nombreux contrôles d'identité, sans motif apparent, et une dizaine de personnes contrôlées ont été arrêtées et embarquées dans des fourgons, selon ce journaliste.

Sur les réseaux sociaux, des journalistes algériens font état de tentatives de la police d'empêcher des petits groupes de se regrouper, alors qu'une centaine de personnes commencent à se rassembler, ainsi que d'une intervention de la police pour disperser une tentative de sit-in sur une rue du centre de la capitale.

Depuis plusieurs semaines, la police procède chaque vendredi à des arrestations, sans motifs apparents, dans les rues du centre d'Alger.

Vendredi dernier, elle avait également interpellé les personnes en possession de drapeaux berbères, après des consignes en ce sens du chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, devenu le véritable homme fort du pays depuis que le mouvement inédit de contestation a poussé le président Abdelaziz Bouteflika à la démission le 2 avril. A Alger, 18 manifestants arrêtés le vendredi 21 juin en possession de drapeaux berbères ont été inculpés d'"atteinte à l'unité nationale", infraction passible de 10 ans d'emprisonnement, et placés en détention provisoire.

Plusieurs autres, dont deux étudiants arrêtés mardi à Alger, ont été inculpés des mêmes chefs et placés sous contrôle judiciaire. Durant la semaine, le général Gaïd Salah a appelé les Algériens à "comprendre" les décisions de l'armée et a accusé ceux qui réclament une période de transition et des institutions ad hoc avant l'élection d'un successeur à M. Bouteflika de protéger les anciens responsables accusés de corruption.

Depuis plusieurs semaines, le commandement de l'armée rejette les revendications des manifestants: l'instauration d'instances de transition, débarrassées de tous les anciens fidèles d'Abdelaziz Bouteflika et chargées de réformer le pays avant une présidentielle.

Le 28/06/2019 à 12h27