Au premier jour d'un voyage officiel devant célébrer l'amitié franco-américaine...
... Le président français n'a pas caché ses préoccupations, d'abord lors d'un déjeuner avec des parlementaires américains.
Les subventions massives décidées par le président américain dans une grande loi économique et sociale appelée «Inflation Reduction Act» (IRA) sont «super agressives pour nos entreprises», a-t-il déploré, selon une journaliste de l'AFP présente dans la salle.
«Je ne veux pas devenir un marché pour les produits américains parce que j'ai exactement les mêmes produits que vous. J'ai une classe moyenne (qui doit) travailler et des gens qui doivent trouver du boulot. Et la conséquence de l'IRA est que vous allez peut-être régler votre problème mais vous allez aggraver le mien. Je suis navré d'être aussi direct», a déclaré Emmanuel Macron.
Le président français a réitéré ses inquiétudes dans la soirée lors d'un discours devant la communauté française à l'ambassade de France.
«Les choix faits, dont je partage les objectifs, en particulier l'IRA, sont des choix qui vont fragmenter l'Occident», a déclaré Emmanuel Macron.
«Variable d'ajustement»Soulignant que l'alliance avec les Etats-Unis était «plus forte que tout», il a cependant mis en garde contre le «risque» que «l'Europe et la France deviennent une sorte de variable d'ajustement» de la rivalité entre les Etats-Unis et la Chine, les deux premières puissances mondiales.
La France voit avec inquiétude le patriotisme économique décomplexé dont fait preuve le président démocrate américain, qui s'est donné pour mot d'ordre «Made in USA».
Joe Biden entend en particulier doper la filière des véhicules électriques, dans une optique à la fois de relance de l'emploi industriel, de transition énergétique, et de compétition technologique avec la Chine.
Le président français a indiqué qu'il ne «croyait pas une seconde» à une volte-face américaine mais a plaidé pour une meilleure synchronisation entre les Etats-Unis et l'Europe.
La porte-parole de Joe Biden, Karine Jean-Pierre, a elle répété la position de Washington, à savoir que cet «Inflation Reduction Act» crée «des opportunités significatives pour les entreprises européennes et pour la sécurité énergétique européenne. Ce n'est pas un jeu à somme nulle».
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La visite d'Etat d'Emmanuel Macron, premier dirigeant étranger à qui Joe Biden réserve cet honneur diplomatique, s'est poursuivie sur un ton plus solennel.
Le chef de l'Etat s'est rendu au cimetière national d'Arlington, où il a déposé une gerbe sur la tombe du soldat inconnu mais aussi une rose blanche sur la sépulture de Pierre-Charles L'Enfant, l'architecte français qui a dessiné les plans de la capitale américaine.
Après une réunion sur le nucléaire civil et une rencontre avec la communauté française, Emmanuel et Brigitte Macron rencontreront Joe et Jill Biden pour un dîner se voulant intime, loin du faste protocolaire que va déployer la Maison Blanche ce jeudi 1er décembre 2022 pour le président français, entre coups de canon, réunion dans le Bureau Ovale et dîner de gala.
Fromages américainsLa First Lady a détaillé hier à la presse la réception qui sera donnée sous une grande tente dans les jardins de la Maison Blanche, une «expression de bienvenue et d'amitié». Les photographes ont pu mitrailler les tables chargées de fleurs blanches, bleues et rouges, ainsi que les plats prévus -homard, bœuf et fromages américains.
Elle a vanté les liens personnels entre les deux couples présidentiels et expliqué avoir eu une «connexion instantanée» avec Brigitte Macron en raison de leurs parcours professionnels similaires dans l'enseignement.
La soirée sera animée par Jon Batiste, jazzman de la Nouvelle-Orléans -où Emmanuel Macron se rendra demain, vendredi. Ce chanteur et compositeur est aussi un artiste engagé pour la défense des droits des Afro-américains.
Côté américain, on espère tourner pour de bon la page de la grave crise diplomatique de l'an dernier.
En septembre 2021, les Etats-Unis annonçaient une nouvelle alliance, AUKUS, avec l'Australie et le Royaume-Uni, suscitant l'ire de la France, tenue à l'écart dans une région-clé du monde et qui perdait, au passage, un mégacontrat pour vendre des sous-marins à Canberra.
Outre la question du protectionnisme commercial, Joe Biden et Emmanuel Macron devraient aussi discuter ce jeudi des grands sujets internationaux: la Chine et l'Ukraine.