L’humour n’a ni religion ni frontière et ne recule devant rien! Ahmed Al-Basheer et bien d’autres, ont prouvé que l’on pouvait rire dans les pires dictatures et des pires dictatures et face aux situations les plus terribles. Daech n'échappe pas à la règle et inspire les railleries d'humoristes dans le monde arabe.
De cette vidéo humoristique égyptienne, reprenant les codes des publicités pour lessives, en passant par un sketch palestinien qui ridiculise les jihadistes de Daech jusqu’à cette série de trente épisodes, "L'Etat de la superstition", conçue par des Irakiens, tournée à Bagdad et diffusée sur la télévision publique irakienne.
C’est au tour d’Ahmad Al-Basheer, 30 ans, de se prêter au jeu de la dérision à travers son cinglant show satirique. Depuis son studio situé dans la capitale jordanienne Amman, l’intrépide journaliste reste à l’affut des nouvelles de son pays déchiqueté par la violence et se bat, épaulé par une une équipe de vingt-quatre personnes, des Irakiens pour la plupart, pour briser l’aura et l'image des jihadistes de Daech qui prétendent se battre au nom de préceptes suprêmes de la charia.
Le but de cette production au ton grinçant est de mener une bataille médiatique contre Daech, dans un contexte où les djihadistes maîtrisent sur le bout des doigts les moyens de communication et de propagande, notamment numériques. "Ces terroristes pensent être des personnes très sacrées. Mais si l'on se moque d'eux, leurs auréoles tomberont et ils redeviendront de simples humains. C'est pour ça qu'ils pensent que nous sommes un danger", dit-il.
Tout le monde en prend pour son gradeAhmad Al-Basheer est devenu célèbre dans tout l'Irak avec son humour au vitriol et ses critiques acérées. Jihadistes, miliciens, armée, responsables politiques... tout le monde en prend pour son grade. Chaque semaine, des millions d'Irakiens se pressent devant leur poste pour suivre le show.
L’émission à succès est loin de rivaliser avec les sketchs hollywoodiens, mais elle représente une production inédite pour l'Irak. Elle démontre la capacité extraordinaire d'un peuple meurtri, prisonnier dans un pays ravagé par la guerre à faire face à la violence avec humour. Mais se moquer des actions du groupe comporte de sérieux risques, avance le précurseur de cette émission à forte audience. "La plupart des menaces nous proviennent de l'EI ou de personnes loyales aux milices (...) via les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook, mais aussi par la poste et des messages sur nos téléphones portables", dit-il. "Nous nous sommes habitués. Après chaque nouvel épisode, nous recevons de nouvelles menaces".
Ahmed Al-Basheer est un ancien journaliste qui a travaillé pour plusieurs télévisions irakiennes. En 2011, il a échappé de justesse à la mort dans un attentat perpétré lors d'un festival à Ramadi, à l'ouest de Bagdad, dans lequel sept de ses collègues ont trouvé la mort. Depuis, il a décidé de quitter l'Irak et de s'expatrier en Jordanie.