Sahara: un éditorialiste du Washington Examiner répond à une sortie «bizarre» de Baker dans le Washington Post

James Baker, ex-secrétaire d'Etat américain.

James Baker, ex-secrétaire d'Etat américain. . DR

Le chercheur du cercle de réflexion “American Entreprise Institute”, par ailleurs ancien responsable du Pentagone, Michael Rubin, a qualifié hier, lundi, de "bizarre" une tribune publiée par l’ancien secrétaire d’Etat américain James Baker, la semaine dernière, dans le Washington Post.

Le 22/12/2020 à 11h01

"La tribune de Baker (…) est vraiment bizarre et en fin de compte précipite le ternissement de son image, alors que l’histoire et avec du recul montrent que ses jugements au Moyen-Orient sont erronés et contre-productifs", écrit Michael Rubin dans une tribune publiée dans le Washington Examiner sous ce titre: "L'opposition de James Baker à l'accord israélo-marocain sape davantage son héritage diplomatique".

"Saper une percée de paix israélo-arabe parce que «cela menace de compliquer nos relations avec l'Algérie, un partenaire stratégique important», presque tout le monde en dehors d'Alger se frotte la tête d’émerveillement", s’étonne Michael Rubin.

"Qualifier l'Algérie de partenaire stratégique en Afrique du Nord revient à qualifier Cuba de partenaire stratégique dans les Caraïbes", poursuit encore l’expert en géopolitique, qui rappelle que "Baker, le sénateur républicain Jim Inhofe et l’ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton (dont James Baker avait été le mentor) ont tous été partisans des revendications du Polisario sur le Sahara".

"C’est une curieuse alliance, étant donné le marxisme du Front Polisario et l’antagonisme général de l’Algérie envers les Etats-Unis. Chacun d'entre eux a condamné le récent accord de normalisation négocié par les Etats-Unis entre Israël et le Maroc, qui a confirmé la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental", a-t-il aussi écrit.

L’ancien responsable au Pentagone ajoute que James "Baker se trompe à propos de l’histoire quand il dit que le Maroc a repris le Sahara occidental par la force", indiquantque "la Marche verte de 1975, au cours de laquelle les Marocains sont retournés dans la région, s'est déroulée sans violence et a impliqué des milliers de Marocains rentrant dans la région à pied".

"Etant donné que le Maroc est le principal allié de l'Amérique contre le terrorisme dans la région, Baker tord le cou également à la réalité lorsqu'il déclare qu'«Al-Qaïda au Maghreb islamique et d'autres groupes pourraient exploiter les tensions croissantes dans la région», tandis que le Front Polisario a cédé son réseau de contrebande à l'affilié d'Al-Qaïda. Son article entier se lit comme l’équivalent nord-africain du discours de Bush père sur le «poulet à la Kiev»", commente ironiquement l’auteur, faisant par là référence à un discours prononcé par le George H. Bush, à Kiev, en Ukraine, le 1er août 1991 à propos du référendum d’indépendance de l’Ukraine par rapport à ce qui était encore l'URSS.

"Les fausses hypothèses de Baker en diplomatie au Moyen-Orient ont entravé, plutôt que fait avancer, la paix, et sa mauvaise lecture de l’Algérie, du Maroc et du Front Polisario menace de faire de même en Afrique du Nord et au Sahel", a conclu, lapidaire, Michael Rubin.

Par Rahim Sefrioui
Le 22/12/2020 à 11h01