Presse : Le gouvernement Benkirane a la mémoire courte

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Revue de presseCondamné à deux mois de prison avec sursis, Youssef Jajili estime que le verdict prononcé dans l’affaire qui l’oppose au ministre PJDiste Abdelkader Amara est un message envoyé par le gouvernement Benkirane à l'ensemble du corps médiatique.

Le 17/06/2013 à 23h03, mis à jour le 18/06/2013 à 11h31

A lire les quotidiens de ce mardi 18 juin, la presse nationale en prend pour son grade. Preuve en est, la condamnation prononcée lundi à l’encontre du directeur de la publication de l'hebdomadaire arabophone Al Aan, Youssef Jajili. Ce dernier a écopé de deux mois de prison avec sursis et d'une amende de 50.000 DH. Une sentence lourde de conséquences pour l’ensemble de la presse nationale.

Interrogé par Al Akhbar, Jajili parle d’un "verdict sévère". Selon lui, "le tribunal n'a pas pris en considération les preuves et les éléments présentés par la défense". Pour sa part, Assabah fait remarquer que cette "condamnation est la première du genre dans l'ère Benkirane". Sur les colonnes du quotidien, Jajili considère ce verdict comme "un message du gouvernement envoyé à l'ensemble de la profession". "Ce gouvernement qui avait affirmé qu'il n'y aurait aucune peine privative de liberté des journalistes sous son ère", soutient Assabah. Le quotidien rappelle au passage que cette condamnation fait suite à l'affaire opposant le journaliste Youssef Jajili au ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, Abdelkader Amara.

Un coup dur pour la profession

Pour rappel, tout a commencé lorsque le support arabophone a publié un dossier dans lequel il faisait état des dépenses du ministre Amara au Burkina Faso, notamment de ce dîner fastueux dans une suite présidentielle. Cette sentence ne semble pas ébranler le ministre de la Communication, comme le souligne au passage Assabah. El Khalfi s’est fendu d’une déclaration laconique, frisant plus le "no comment" qu’une véritable prise de position.

Le jugement de Youssef Jajili n’est pas de bon augure en ce qui concerne la réforme de la presse. Mustapha El Khalfi et Mustapha Ramid, les ministres PJDistes de la Communication et de la Justice, n’ont pas cessé de crier sur tous les toits qu’ils feront tout pour éliminer les peines privatives de liberté des journalistes. Comment expliquer ce verdict de Jajili poursuivi par un ministre du PJD ? Décidemment le gouvernement Benkirane a la mémoire courte.

Par Wadii Charrad
Le 17/06/2013 à 23h03, mis à jour le 18/06/2013 à 11h31