Célébrée chaque 3 mai, la journée internationale de la liberté de la presse donne l'occasion aux professionnels des médias de faire le point sur la situation de la profession. Du côté des quotidiens arabophones, Al Khabar met en avant le rapport du Syndicat national de la presse marocaine, un rapport qui rappelle les fondamentaux de l'"indépendance" journalistique, à savoir l'indépendance vis-à-vis des pouvoirs politique et économique. Ce rapport brosse "un tableau peu reluisant de la condition des journalistes et des médias au Maroc", précise le quotidien.L'Economiste quant à lui, voit les choses d’un angle "professionnel". Le quotidien économique parle ainsi de "journalistes faiblement protégés", faisant notamment référence aux agressions récurrentes aussi bien physiques que verbales dont sont victimes les professionnels et qui sont d’ailleurs relayés dans ce même rapport.Les patrons de la presse et la criseQuant au mensuel Economie & Entreprises, il revient sur la crise actuelle que connait le secteur de la presse écrite. "Elle a l'habitude de relayer la crise des autres secteurs, aujourd'hui elle vit sa propre crise, l'une des plus graves de son histoire" constate le magazine. Dans ces colonnes, E&E revient sur la dernière décennie pour y desceller les causes de la crise actuelle, en donnant la parole aux patrons de presse. "La vocation première d'un journal est d'être lu et vendu et non pas d'être un panneau publicitaire", lance Mohamed Selhami, directeur de Maroc Hebdo. Il est donc question pour lui de "revenir aux fondamentaux". Kamal Lahlou, directeur de New Publicity, pour sa part déclare qu'il faut faire preuve "d'innovation en ciblant des populations aux besoins non encore satisfaits par la presse". Pour Saad Benmansour, directeur de publication de La Vie Eco et d'Aujourd'hui Le Maroc, "le virage digital présente une opportunité inouïe pour remettre la presse sur les rails". "Tout en veillant à ne pas tuer la version papier" précise néanmoins l’homme de presse. Noureddine Miftah, président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), quant à lui, se veut rassurant et préfère évoquer " la réforme réglementaire en cours".Quand la presse s’auto-diagnostique, le constat n’est pas très reluisant. Et pourtant, dans ce contexte, on se demande ce que la profession fait pour arranger les choses. Entre ceux qui défendent une presse indépendante économiquement sans pour autant proposer de "meilleur" modèle économique que celui déjà en place, et ceux qui prennent conscience des changements des habitudes de lecture des Marocains, sans avoir l’audace de migrer vers "autre chose", on serait tenté de dire que le premier responsable de cette crise est la presse elle-même. A quand une véritable prise en main de la profession par les professionnels ?
Par Housni Athar
Le 02/05/2013 à 20h32, mis à jour le 02/05/2013 à 22h23