Studio Kilmi, route de Benslimane. Le hangar planté dans un décor champêtre a pris l’habillage d’un cliché du Maroc exotique et contemporain: Un mini désert contrasté par un bonsaï taillé dans le moule du logo de Master Chef Maroc. "L’oasis? Une de nos nombreuses petites touches pour "marocaniser" le concept", nous lance Rajae Hassani, directrice générale de Med Production, la société qui s’est payé ce concept de concours culinaire qui a fait le tour du monde. "Nous avons la 3e meilleure gastronomie au monde, il était donc inconcevable de rester parmi les derniers pays de la planète à ne pas avoir encore sa version de Master Chefe, enchaîne la productrice.
"On s’éclate au tournage !"
A l’intérieur du studio, près d’une centaine de techniciens sont en action. Le top départ d’une épreuve de pâtisserie va être donné. Le célèbre chef Moha de Marrakech, membre du jury, est face à la caméra : "Mesta3adine!", lance-t-il à des candidats qui, en réponse, vocifèrent "Oui, Chef !". Et puis c’est le compte à rebours : "Trois, deux, un… yallah !". C’est parti pour deux heures aux fourneaux… Aux manettes, à la régie, c’est Ali Tahiri qui a les yeux rivés sur les moniteurs. "Nous avons un système de roulement avec l’équipe française qui nous accompagne depuis le début du tournage, question de maîtriser le cahier de charges de Master Chef", nous explique le réalisateur. En effet, dans ce genre de programme "franchisé", une bible est fournie par les détenteurs de la marque aux producteurs locaux qui sont tenus de la respecter à la lettre. "C’est une chance incroyable de transfert de savoir-faire, nous confie Ali Tahiri. Personnellement, c’est ma première expérience de télé-réalité et j’apprends plein de choses. En plus, on s’éclate au tournage". Depuis le 28 mai, l’équipe de Master Chef a sillonné huit villes marocaines, représentatives de toute la richesse culinaire du pays, en plus de deux étapes à l’étranger (Istanbul et Libreville). Et de gros moyens de production sont mis en place : "Nous avons tourné avec des hélico, des drones et plusieurs équipes mobiles dans des décors exceptionnels", confie le réalisateur.
Un budget de 25 millions de DH
Vous l’aurez compris, Master Chef Maroc, c’est une grosse production télévisuelle, une des plus chères de l’histoire de notre télévision. Son budget : 25 millions de dirhams, selon Med Production. Et pour financer l'émission, la boîte de prod a opté pour la formule de parrainage. Elle est allée chercher des annonceurs pour financer l’émission contre un engagement du diffuseur, 2M en l’occurrence, de leur accorder l’équivalent en espaces publicitaires. De grandes enseignes de l’agro-alimentaire ont sauté sur l’occasion : Procter & Gamble, Oulmès, Centrale laitière… "En vérité, on n’a pas eu beaucoup de mal à convaincre nos partenaires, sachant qu’ils connaissent très bien Master Chef", ajoute la productrice. La chaîne de Ain Sebaâ y trouve aussi son compte. "Notre cahier de charges nous permet de recourir à cette formule de parrainage pour enrichir notre grille avec de telles émissions réalisées dans les standards internationaux", nous explique Salim Cheikh, directeur général de 2M. Et d’ajouter: "Ce genre de production nous permet de nous confronter à la concurrence des chaînes arabes internationales à laquelle nous sommes exposés".
Le tournage de Master Chef devrait finir la semaine prochaine et la diffusion est attendue pour le mois d’octobre. Pendant trois mois, une capsule quotidienne, "les master class des chefs", mettra en vedette les meilleurs cuisiniers marocains qui partageront avec les téléspectateurs leurs secrets de cuisine. Quand aux candidats, on les verra durant les douze prime-time durant lesquels ils se disputeront le titre de Master Chef Maroc. Les candidats ont justement fini leur épreuve de pâtisserie. A chaud, ils défileront dans les quatre salles de confessions aménagées dans les coulisses. Pour nous, pas question de livrer leurs réactions à chaud et encore moins de les prendre en photo. "Cela risque de compromettre le suspens de l’émission", nous explique Rajae Hassani. Et de conclure : "D’ailleurs, une muraille de Chine est dressée même entre les techniciens et les candidats pour qu’il n’y ait aucune fuite sur la nature des épreuves. Hors tournage, les candidats sont en contacts exclusivement avec leurs coachs et accompagnateurs". C’est ça aussi, la formule de réussite d’une télé-réalité diffusée en différée…