"Je est un autre", disait Rimbaud. Car "Je" n’a d’autre frontière que le monde. Il est de mémoires et d’épreuves du monde, d’étreintes de mondes. Et dans ce corps à corps permanent, il n’y a, pour reprendre Khatibi, "ni identité, ni différence" : "Il n’y a d’identité que dans la différence". Il y a le monde et la permanente expérience de l’altérité dans la rencontre avec "l’autre soi-même". Cet "autre soi-même" qui habite Marie-Christine Saragosse, PDG de France Médias Monde.
Cet "autre soi-même" qui nous rappelle à chaque instant que l’identité n’est pas une donnée absolue, immuable, mais une expérience humaine qui fait de cette identité un concept en perpétuelle mouvance qui repousse les frontières du même à l’épreuve, belle, de l’autre. Une vision idéaliste ? Certainement, d’après Marie-Christine. Une vision humaine et humaniste, surtout, qui ferait sans nul doute le monde plus serein si elle était partagée par tous.
A l'issue de la conférence de presse de France 24, mercredi 23 octobre à Casablanca, Marie-Christine Saragosse a partagé avec nous un intense moment d'émotion. Elle a parlé d'elle. De son être au monde. De son rapport au monde. De ses douleurs et son amour au monde. "C'est la première fois que je me sens moi-même lors d'une interview. Car, voyez-vous, il est de bon ton aujourd'hui d'être cynique", nous a-t-elle confié après l'extinction des caméras, dans l'intimité de la pièce où elle nous recevait et où l'émotion s'est faite, une fois les micros éteints, d'autant plus vive. Une émotion partagée.




