Dans une tribune publiée hier, samedi 4 septembre, sur les colonnes du Journal du dimanche (JDD), l’ancien Premier ministre français commence par rappeler les évolutions de ces vingt dernières années, depuis les attentats du 11 septembre.
«Vingt ans après les attentats du 11 septembre 2001, nous avons le sentiment de vivre un immense recul. A quoi donc ont servi 20 ans de présence en Afghanistan, les guerres d'Irak et de Syrie ou les printemps arabes?», s’interroge l’homme politique franco-espagnol.
«Pourtant dans le monde arabo-musulman il existe au moins une raison d'espérer. Au Maroc, le 8 septembre, se tiendront le même jour -et c'est une première dans l'histoire du pays- des élections législatives, municipales et régionales. L'enjeu est de taille car les «islamistes» du PJD (Parti de la Justice est du Développement), qui ont dirigé deux coalitions gouvernementales depuis 10 ans, peuvent perdre les élections législatives. Le Maroc pourrait donc écrire une nouvelle page de son histoire politique post-printemps arabes», écrit Manuel Valls.
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L’ex-Premier ministre français loue la «diplomatie très active» du Royaume. «Depuis 18 mois, sans que les observateurs ne le soulignent suffisamment, la diplomatie marocaine a été très active (inauguration de plusieurs consulats dans le Sahara, accueil des différentes parties libyennes pour trouver une issue au conflit qui les oppose, etc.). Ce déploiement a été couronné par l'accord tripartite (Maroc, USA, Israël) signé le 22 décembre 2020 où le Maroc s'est engagé à rétablir ses relations diplomatiques avec Israël et les Etats-Unis à reconnaitre la souveraineté du Royaume sur le Sahara», explique Manuel Valls.
Rabat-Madrid, la fin de la brouille«Si les relations avec l'Algérie se sont détériorées de manière inquiétante -Alger a décidé de rompre, de manière unilatérale, ses relations diplomatiques avec le Maroc le 24 août- les rapports avec Madrid semblent trouver une voie d'apaisement après l'épisode peu glorieux de l'hospitalisation du chef du Polisario en Espagne et la crise migratoire de Ceuta. Lors de son discours du 20 août, Mohammed VI a annoncé la fin de la brouille avec l'Espagne et le début d'une 'étape inédite' dans les relations entre les deux pays», poursuit l’ancien Premier ministre français, qui souligne l’importance du Maroc pour la stabilité de toute la région.
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«L'Europe et donc la France ont besoin d'un Maroc stable, coopérant et porté par la croissance. Tout cela démontre le rôle stratégique du Maroc en Méditerranée et en Afrique -où il est extrêmement actif sur les plans économique et politique-, dans la gestion des flux migratoires ou dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé (notamment le trafic de drogues)», écrit Manuel Valls, qui donne aussi son avis sur la fameuse affaire Pegasus.
«Les révélations cet été sur l'utilisation par les services de sécurité marocains du logiciel espion israélien Pegasus ne semblent pas affecter, en attendant les résultats de différentes enquêtes, les relations avec ses principaux partenaires. Certes il faut être exigeant à l'égard de ce pays ami mais l'Europe et donc la France ont besoin d'un Maroc stable, coopérant et porté par la croissance. Les avancées démocratiques tranchent avec la situation de ses voisins du Maghreb», indique-t-il.
Une nouvelle alternance avec Aziz Akhannouch?Pour Manuel Valls, «les élections du 8 septembre sont donc à suivre attentivement. Les sondages sont interdits au Maroc mais les élections des chambres professionnelles tenues le 6 août 2021 ont vu la victoire du RNI (Rassemblement National des Indépendants). Ce parti se définissant comme social-libéral/social-démocrate est dirigé par Aziz Akhannouch depuis 2016. Il a obtenu 638 sièges sur les 2.230 qui étaient à pourvoir, soit 28.61%. Nombre d'observateurs politiques y voient donc les prémices d'un possible succès le 8 septembre», rappelle l’ex-Premier ministre français, pour lequel «Aziz Akhannouch devient un candidat privilégié pour le poste de Premier ministre».
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Après avoir rappelé ses réalisations à la tête du ministère de l’Agriculture, Manuel Valls tranche par cette assertion: «nous aurions tout à gagner que le gouvernement du Maroc soit dirigé par un stratège, un entrepreneur moderne, avec une véritable vision économique et sociale, capable de relever les défis du Maroc».