Le Conseil national de la presse marocaine lance une nouvelle campagne de communication. Celle-ci vise à encourager les citoyens à se diriger vers les médias professionnels pour "lutter contre le virus des fake news" et à favoriser la lecture de la presse papier sur support digital, en cette période particulière où l'on ne trouve plus de journaux en kiosque. Mais elle est fortement décriée sur les réseaux sociaux.
En effet, l'une des deux affiches de la campagne -celle adressée à la gent féminine- fait polémique. Elle présente une femme habillée en "abaya" noire. Image qui renvoie à une femme du Moyen-Orient, à une Saoudienne ou à une Emiratie, mais pas à une lectrice marocaine. C'est bien là ce qui est reproché à cette affiche. "Je ne me projette pas du tout dans cette image. La lectrice marocaine ne ressemble pas du tout au profil qui est montré et c'est bien décevant venant de la part d'une institution censée bien connaître la presse marocaine et le lectorat marocain", explique une internaute, ayant préféré garder l'anonymat, à Le360.
© Copyright : DRSur les réseaux sociaux, plusieurs internautes contestent l'utilisation de la photo d'une Saoudienne. Photo qui serait celle de Rahef Hamoud, une Libano-Saoudienne. Cette dernière aurait porté plainte contre le Conseil pour avoir utilisé son image, mais le fait ne nous avait pas été confirmé à l'heure où nous mettions en ligne.
Contacté par Le360 à propos de cette nouvelle polémique naissante, Younes Moujahid, le président du Conseil national de la presse, est resté injoignable et n'a toujours pas réagi sur ce sujet.
© Copyright : DRLe Conseil national de la presse n'en est pas à son premier fait d'armes. La précédente campagne pour encourager à la lecture, voici quelques mois, avec les acteurs Rachid El Ouali et Samia Akariou, avait également provoqué l'ire de la profession et du grand public. Plusieurs voix s'étaient élevées, s'interrogeant sur l'absence de professionnels -journalistes ou autres- sur ces affiches.
Bahia Amrani, la présidente de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) rappelle par ailleurs à Le360 qu'aucun journal, quotidien, hebdomadaire ou mensuel, n'est distribué dans les kiosques et que toute la presse papier est actuellement diffusée en PDF sur internet. "Nous attendons le déconfinement, car cela ne sert à rien d'imprimer et de distribuer la presse papier s'il n' y a pas d'acheteurs", remarque-t-elle.
Le groupe Sapress-Sochepress a également déclaré aux éditeurs être prêt à distribuer la presse à Rabat et Casablanca après le 10 juin, si et seulement si déconfinement il y a. "Ceci dit, ceux qui souhaitent imprimer les journaux en 1.000 ou 2.000 exemplaires et les distribuer peuvent le faire. Rien ne les en empêche", précise la présidente de la FMEJ.