Algérie: la justice annule la vente du groupe de presse El Khabar à Issad Rebrab

L’homme d’affaires algérien Issad Rebrab se dit traqué par le pouvoir en place.

L’homme d’affaires algérien Issad Rebrab se dit traqué par le pouvoir en place. . DR

La justice algérienne a annulé mercredi la vente du groupe de presse El Khabar à l’homme d’affaires Issad Rebrab qui se dit traqué par le pouvoir en place.

Le 13/07/2016 à 14h48

La transaction de cession d’actifs du groupe El Khabar au profit de Ness-Prod, filiale du groupe Cevital appartenant à la première fortune du pays était déjà gelée depuis le 16 juin sur décision d'un tribunal administratif d'Alger.

Le verdict du tribunal prévoit aussi l’obligation d’El Khabar de payer les frais judiciaires et le retour à l’état initial de la propriété du groupe, dont la direction est connue pour être opposée au président Abdelaziz Bouteflika.

Comprenant notamment la chaîne de télévision KBC ainsi que l'un des plus grands quotidiens algériens (du même nom, un des plus forts tirages du pays), le groupe était détenu par un collectif de journalistes qui ont cédé la grande majorité de leurs parts à Issad Rebrab pour un montant de plus de 40 millions d'euros.

Quelques temps plus tard, le gouvernement a contesté le rachat pour empêcher une concentration de médias dans les mains du milliardaire algérien, qui a souvent accusé le gouvernement de faire obstacle à ses projets d'investissement en Algérie et à l'étranger.

Depuis plusieurs mois, les médias sont dans la ligne de mire du régime algérien, menant une véritable purge contre toutes les voix dissonantes, particulièrement celles ayant décrié la réélection du président Bouteflika pour un quatrième mandat en avril 2014.

Une véritable purgePlusieurs journaux ont déclaré être privés des annonces publiques, leur principale source de subsistance contrôlée par l'Agence nationale de l'édition et de la publicité (Anep), chargée de la mise en œuvre de la politique officielle dans ce domaine.

L’annulation de la transaction intervient alors que le directeur du groupe Mehdi Bénaïssa et un producteur sont en détention préventive depuis le 24 juin. Une directrice au ministère de la Communication est également en détention, dans le cadre d’une enquête sur l’exploitation d’un studio d’enregistrement d’une émission satirique qui traite sur le mode de la dérision des problèmes que vivent les Algériens.

Ces décisions ont suscité de sévères critiques de la part des organisations de défense de la liberté de la presse, dont Reporters sans frontières qui a dénoncé une "atteinte au journalisme indépendant", appelant "les autorités à ne pas entraver le travail" de la chaîne KBC.

Pour sa part, Amnesty International considère que les charges retenues contre les cadres de la chaine "sont motivées par des raisons politiques". L'ONG dit craindre que KBC soit punie pour sa ligne éditoriale indépendante.

Le 13/07/2016 à 14h48