«L’ambassadeur d’Allemagne à Rabat a sermonné Salaheddine Mezouar, le ministre des Affaires étrangères marocain». C’est avec une arrogance qui laisse pantois que la directrice de l’antenne marocaine de la fondation allemande Friedrich Naumann, ressasse cette assertion à tous ses contacts. Andrea Nüsse, de son nom, mène cette campagne hargneuse contre le Maroc car elle broie du noir contre les autorités pour avoir interdit une rencontre ayant pour thème «la liberté de la presse dans le Maghreb». Pourtant, cette interdiction est légalement justifiée. Le centre Ibnou Rochd qui a lancé les invitations à cet événement – programmé depuis belle lurette pour le 24 janvier – a fermé ses portes depuis trois mois déjà. La directrice au Maroc de la fondation Naumann s’est alors rabattue sur l’Association marocaine de journalisme d’investigation pour tenter de maintenir sa conférence. Le tout avec la complicité de «l’historien» Maâti Mounjib – président de cette association et ancien dirigeant du centre qui a mis la clé sous le paillasson – pour lequel l’histoire du royaume est restée figée aux années de plomb et qui est connu pour être un courtisan du prince Moulay Hicham.
Les autorités marocaines n’ont pourtant pas marché dans la combine. Elles ont bien évidemment saisi que cette conférence est une tribune ouverte à des opposants politiques de pays nord-africains pour déballer toute leur rogne au sujet de leurs régimes respectifs. Le Maroc n’a évidemment pas besoin de se créer des crises diplomatiques avec des pays amis et de miner ses relations bilatérales, juste en laissant une association étrangère accueillir des militants dont certains ont fait de l’opposition un fond de commerce. D’ailleurs, la teneur des propos de ces «prestigieux» intervenants est souvent corrélée au per diem qu’ils encaissent à chaque fois qu’ils se déplacent à l’étranger. Andrea Nüsse semble d’ailleurs avoir très bien compris cette proportionnalité: pour son événement au royaume, la directrice de l’antenne marocaine de la fondation Naumann leur a déroulé le tapis rouge: hôtel 5 étoiles et indemnités effarantes sans parler des billets d’avion probablement en business class… Un peu trop de luxe pour des journalistes, chantres défenseurs de la liberté d’expression…
D’un autre côté, si frau Nüsse ne confondait pas liberté de la presse et soutien déguisé à des révolutionnaires à l’agenda douteux, elle aurait facilement pu déplacer cette fameuse rencontre dans son pays d’origine, l’Allemagne en l’occurrence. Mais ça lui aurait sans doute attiré les foudres de ses administrateurs qui auraient remarqué que l’événement est hors sujet par rapport aux véritables objectifs de cette fondation respectueuse. Au lieu de cela, la directrice Nüsse a choisi la facilité: taper sur un pays qui avance à son rythme, dans un mépris total de sa souveraineté, en faisant croire que cette interdiction (légitime, faut-il le rappeler encore) est une illustration d’un soit disant rétrécissement de la marge de liberté de la presse.
Quant au supposé sermon, de l’ambassadeur allemand à Mezouar, il n’en est évidemment rien. Juste pour calmer les ardeurs d’Andrea Nüsse, le diplomate a adressé un courrier de protestation au département des Affaires étrangères. Le genre de lettre qui prend de la poussière dans un tiroir du service courrier du ministère… Ses gesticulations n’ont d’ailleurs pas influé sur les relations exemplaires entre Rabat et Berlin. L’illustration est sans doute, la récente visite d’une délégation de haut niveau menée par le ministre des Affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, porteur d’une lettre d’invitation officielle au roi Mohammed VI pour une visite d’Etat en Allemagne.