Samedi 20 février, plusieurs médias nationaux et internationaux se faisaient l’écho des manifestations marquant le 5e anniversaire du 20 février au Maroc. Des manifestations pâles qui ont à peine réussi, à travers tout le royaume, à réunir quelque 1000 participants qui, dans leur écrasante majorité, avaient des revendications d’ordre sectoriel, voire personnel.
Entre un marchand ambulant à Béni Mellal en quête d’un commerce en dur, un enseignant vacataire voulant assurer ses arrières et des diplômés au chômage voulant forcer la main au gouvernement pour une embauche directe dans la Fonction publique, les revendications n’avaient rien de vraiment politique.
L’AFP, agence de presse française, elle, a choisi un autre angle. Le «mouvement pro-réformes qui ne baisse pas les bras», titrait l’agence depuis son bureau de Rabat, proximité oblige, dont les bureaux sont situés à une centaine de mètres du siège du Parlement.
Manifestement nostalgique de la première année du 20 février, l’AFP nous sert un étrange discours et évoque toujours la flamme d’un mouvement qui n’est plus que l’ombre de lui-même depuis que la partie qui l’animait a décidé de lâcher l’affaire. Disons-le clairement: Al Adl Wal Ihsane, l’un des clients de choix de l’AFP, a déserté la rue et le 20 février est devenu un vieux souvenir.
Aujourd’hui, l’AFP se sert de ce mouvement pour déplorer le manque de dignité des citoyens marocains. De quelle dignité s’agit-il?
Celle des Etats où le «printemps arabe» a réussi à changer de régime. Celle des Libyens qui ont perdu leur Etat? Celle des Syriens dont des millions de citoyens désertent le pays pour fuit la mort? Celle du Yémen en proie à une guerre civile ? Celle de l’Egypte qui vit sous la terreur d’un régime militaire? Celle de la Tunisie qui subit de plein fouet l’insécurité liée au terrorisme et à la déliquescence de son économie?
Que l’AFP clarifie son propos et demande à ses interlocuteurs d’expliquer le modèle de dignité attendu du printemps arabe pour les citoyens marocains. Décidément, les ressources de cette agence sont infinies pour forcer le trait du négatif dans le traitement de l’actualité lié au Maroc.
Même quand il n’y a pas de manifestants dans les rues, l’AFP se transforme en caisse de résonance d’individus en manque de reconnaissance pour agir à contre-courant de la volonté de la majorité écrasante des citoyens marocains.
A Paris, ce que l'AFP a oublié de relever, les 20 févrieristes étaient exactement au nombre de 20. Les autorités françaises les avaient d'ailleurs empêchés de manifester près de l'ambassade du royaume...