Le catholicisme romain est loin d’avoir été représenté uniquement par des figures européennes.
A trois reprises dans l’histoire, l’église a nommé à sa tête des chrétiens originaires d’Afrique du Nord. Si cela peut surprendre aujourd’hui, il n’y avait rien d’étonnant à cela à une époque où les populations berbères du pourtour méditerranéen étaient en grande partie christianisées sous l’influence de l’Empire Romain qui s’étendait jusqu’au Maghreb actuel.
La dislocation de l’Empire Romain au Vème siècle mettra d’ailleurs un terme au pontificat des Africains. Par ailleurs, les populations berbères christianisées furent aussi decimées ou converties lors des invasions vandales puis musulmanes.
Victor Ier
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Le premier pape issu de cette région est Victor Ier. Ce berbère né dans l’actuelle Tunisie fut nommé évêque de Rome et gouverna l’Eglise romaine dès 189 et jusqu’en 199. Il se fit connaître pour son implication dans la querelle de la pâque quartodécimaine en s’opposant aux évêques asiatiques. Cette fête religieuse pratiquée essentiellement jusqu'à la fin du IVe siècle par les Églises chrétiennes d'Asie était célébrée au soir du quatorze Nissan, c'est-à-dire la veille de la Pâque juive, alors que les Églises liées à Rome fêtaient Pâques le dimanche suivant. Avec Victor Ier s’affirme la volonté des évêques de Rome d’imposer un magistère moral sur les autres églises et c’est à ce pape berbère que l’on doit les premiers décrets d’excommunications des évêques en 192. Il faudra attendre la fin du pontificat de Victor Ier pour que la paix soit ramenée au seins de l’Eglise.
Miltiade
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Le second pape africain est Miltiade ou Melchiade. Né en Afrique du Nord, il dirigea l’église de 311 à 314. Miltiade est le premier pape à bénéficier des faveurs d'un empereur romain, Maxence, lequel lèvera les mesures répressives contre les chrétiens et autorisera son élection en 311. A la mort de celui-ci, le pape Miltiade bénéficie des faveurs d’Helène, la mère de Constantin Ier, qui lui offre en octobre 312 le palais du Latran, où il s’installe en la décrétant nouvelle résidence pontificale et siège de la gouvernance chrétienne. Un an plus tard, Constantin et l’empereur romain Licinius accorderont la liberté de culte aux Chrétiens et aux croyants d’autres confessions. Miltiade est au titre de ces précieuses contributions à l’église considéré comme un martyr.
Gélase Ier
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Enfin, le 3ème et dernier pape berbère est Gélase Ier. A la tête du pontificat de 492 à 496, il est considéré comme un saint par l’Eglise catholique Romaine, pour ses nombreuses contributions.
Gélase s’impose ainsi comme défenseur de la primauté de Rome tout en menant de main de fer l’instauration d’une politique d’indépendance de l’Eglise romaine et d’autonomie de la sphère spirituelle vis-à-vis du pouvoir politique.
L’empereur est selon lui un fils de l’église, un chrétien parmi d’autres, et non un prêtre et c’est en ce sens qu’il doit se soumettre à l’autorité des évêques. Chose révolutionnaire à l’époque.
Gélase se fait également connaître en mettant un terme aux pratiques religieuses païennes encore en cours dans l’empire Romain, notamment les Lupercales, des fêtes orgiaques de purification qui avaient lieu entre le 13 et le 15 février et qu’il remplacera par la Saint-Valentin, en hommage à Valentin de Tremi.
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Il est aussi celui qui instaura une discipline au sein de l’église en veillant au comportement des prêtres et à leur recrutement. Un problème toujours d’actualité…C’est aussi à lui que l’on doit la répartition des revenus de l’église dont une partie reviendra désormais à la construction et l’entretien des édifices de culte.