Au Maroc, quand bien même Saint-Valentin est un pur inconnu au palmarès foisonnant de nos saints, on le fête pourtant chaque année, emboîtant le pas au monde entier afin d’en faire l’incarnation de l’amour qu’on porte à notre moitié.
Mais qui est donc ce Saint Valentin qui remporte un tel succès même en terre d'Islam ? Bien loin de nous l'idée d'être dogmatique, d'autant plus qu' il serait même né chez nous… au Maghreb.
De l’Antiquité au Moyen-âge, un jour craint par les femmesDans la Rome Antique, on fêtait les « Lupercales » du 13 au 15 février en souvenir de l’allaitement de Romulus et Remus par une louve. Ces journées festives et "purificatrices" célébraient également Faunus Lupercus, mi-homme mi-bouc et divinité de la fertilité et défenseur des troupeaux contre les loups. Douze prêtres luperques issus des plus anciennes familles fondatrices de la ville de Rome sacrifiaient alors un bouc au dieu dans la grotte de Lupercal où Romulus et Remus furent allaités par la louve.
S’en suivait alors un rituel selon lequel un prêtre tailladait le front de jeunes hommes avant de mélanger leur sang à du lait. Ces deux derniers couraient ensuite, nus, dans les rues de Rome, fouettant les femmes qu’ils croisaient avec des lanières de bouc. Le bouc étant considéré depuis le Dieu Pan des Grecs comme un symbole de puissance sexuelle, le fait de frapper de la sorte les femmes augmentait leurs chances d’être fécondes.
Mais Pan étant aussi un symbole de luxure, que ce soit en Grèce où on fêtait « Lukéia » puis plus tard à Rome à travers les « lupercales », ces festivités étaient surtout prétexte à la dépravation et aux orgies sexuelles.
Un maghrébin à l’origine de la fête de l’amourIl fallut attendre 494 après Jésus Christ pour que la Pape Gélase Ier, né en Afrique du Nord, possiblement en Tunisie ou en Algérie, mette fin à cette longue tradition de violence et de débauche païenne. Il inventa alors la Saint Valentin et choisit d’attribuer à cette nouvelle fête la journée du 14 février. Le nom de ce patron des fiancés et des amoureux est celui de Valentin de Terni, qui après avoir été martyrisé sous l’empereur roman Claude II, alias Claude le Cruel, meurt décapité probablement en 269.
Sa fin sanglante, le prêtre la doit à une pratique romantique qui lui valut de s’attirer les foudres de l’empereur. En effet, ce dernier devait sa réputation aux mariages des chrétiens qu’il officiait dans une Rome où on privilégiait d’envoyer les hommes à la guerre plutôt que dans la chaleur d’un foyer.
Emprisonné par les troupes de Claude le Cruel, Valentin de Terni va pourtant se lier d’amitité avec la fille de son geôlier, Julia, aveugle de naissance. Il lui raconte le monde extérieur en échange de quoi elle lui apporte des vivres et finit à son contact par retrouver la vue. Un miracle qui fera se convertir la jeune romaine et sa famille au christianisme et qui mènera directement le prêtre sur l’échafaud où il sera décapité un 14 février.
Pour remonter aux origines de cette fête devenue le supplice des célibataires, un livre en particulier fait office de bible, «Saint-Valentin, mon amour!» du sociologue et historien Jean-Claude Kaufmann. Paru en 2017, ce ouvrage remonte le temps pour revenir aux origines antiques, puis médiévales, d’une tradition célébrée en février et qui faisait trembler les femmes tant cette « fête » était synonyme de violence à leur encontre.