Objectif de cette mission commando, pénétrer à 15h30 pétantes dans la piscine municipale Jean Bron et se baigner en maillot intégral, chose interdite par le règlement.
Organisée par le collectif Alliance citoyenne, cette opération avait pour but de "défendre la liberté" des femmes et se revendique de l’influence de la célèbre Rosa Parks.
[A Grenoble, nouvelle action de désobéissance civile des Rosa Parks musulmanes pour le libre accès aux piscines publiques]
🏊♀️🏊♂️ Ce dimanche après midi, sept femmes accompagnées d'une trentaine de citoyens solidaires ont désobéi au règlement de la piscine municipale Jean Bron, à Grenoble. Elles se sont baignées en maillot de bain couvrant, bravant a nouveau l’interdiction et poursuivant la campagne de désobéissance civile entamée en mai dernier pour les droits civiques des femmes musulmanes voilées. ☀️☀️
✊Pour défendre la liberté de religion et leur liberté de femmes de couvrir ou de découvrir leur corps, elles s’inspirent de Rosa Parks et ont décidé de poursuivre leur campagne de désobéissance civile lors d’une assemblée à Teisseire dimanche dernier. A l’approche de la canicule, elles contestent la volonté d’Eric Piolle Maire de Grenoble de reporter à plus tard l’ouverture des piscines publiques aux femmes musulmanes voilées.✊
Les femmes membres de l’Alliance Citoyenne avaient lancé en mai 2018 une pétition signée par 620 femmes musulmanes pour demander l’évolution des règlements intérieurs des piscines publiques grenobloises. En l’absence de retour elles affirment leurs engagements et publient une tribune dans le Libération suite à l’affaire dite du “hidjab running” de Decathlon puis organisent le 6 avril une manifestation en courant. Pour les piscines, elles invoquent le modèle de Rennes où la Maire avait rappelé qu’« aucun règlement ne peut se baser sur la laïcité pour interdire tel ou tel vêtement [et] que la laïcité impose la neutralité la plus stricte aux services publics et à ses agents, jamais aux usagers. » Depuis, le Défenseur des Droits a confirmé dans un avis du 27 décembre que l’interdiction d’une personne en burkini était une violation de la loi du 27 mai 2008 portant sur la lutte contre les discriminations. En Allemagne, un tribunal a confirmé le 15 juin dernier que l’interdiction du burkini violaient les principes d’égalité d’accès aux services publics. Après la première action, le RN et les Républicains ont rejeté la demande de liberté vestimentaire des femmes qui souhaitent se voiler en les accusant d’un “’islamisme politique, rampant ou assumé, incompatible avec la république française” (M. Chamussy). Pour l’Alliance Citoyenne et la coalition pour les droits civiques des femmes musulmanes, la liberté de conscience doit s’appliquer à tous, même à ceux dont on ne partage pas les convictions. Si la condition pour accéder au service c’est de renier sa religion (et donc ici, se découvrir), c’est qu’il y a une injustice. S’il y a une injustice, elle doit être corrigée. De son côté le Maire Eric Piolle a botté en touche et affirmé que “la priorité de la Ville de Grenoble est de tout faire pour éviter d’alimenter la montée aux extrêmes”, pas de garantir l’accès pour toutes les femmes au service public.
Pour Taous Hammouti, “La mairie nous demande d’attendre. Encore un été privé d’accès aux piscines publiques. Et nos enfants qui doivent être accompagnés par un adulte pour aller à la piscine sont aussi pénalisés quand leur mère est privée d’accès. Matin Luther King disait: “Depuis des années, j’entends ce mot : « Attendez ! ». Il résonne à mon oreille, comme à celle de chaque Noir, avec une perçante familiarité. Cet « Attendez » a presque toujours signifié : « Jamais ! ». (...) On dirait que le pouvoir a besoin d’être bousculé pour enfin agir”.
Posted by Alliance Citoyenne de l'Agglomération Grenobloise on Sunday, June 23, 2019
Un geste qui s’inscrit "dans la campagne de désobéissance civile entamée en mai dernier pour les droits civiques des femmes musulmanes voilées" explique le collectif sur Facebook.
Bien que leur action soit contraire à la loi, les baigneuses voilées estiment de leur côté qu’elles n’enfreignent aucune règle d’hygiène ou de sécurité, et expliquent avoir agi "sans aucune conviction religieuse", mais pour défendre la "liberté de toutes les femmes".