Si les occidentaux ont leur père Noël, les Marocains, eux, ont Baba Achour. Une figure mythique qui incarne la solidarité, l’humanisme, la tolérance et l’entraide mais qui peine toutefois à survivre dans un imaginaire collectif qui a tendance à oublier ses traditions.
Il fut un temps, au Maroc, où on attendait ce personnage mythique à l’heure du couscous au Gueddid, le jour de Achoura. La veille, les petites filles confectionnaient une poupée à son effigie avec des os ou des bâtonnets croisés en guise de corps, un coussin pour la tête et des bouts de tissus colorés pour les vêtements. Chaque famille fabriquait sa propre représentation de Baba Achour et plaçait cette petite poupée au centre d’un plateau que l’on faisait déambuler dans la ville, au son des taârijas et des chants de femmes et d'enfants : "Aychouri aychouri, dellite Alik chou'ouri" ("mon aychour, mon aychour, j'ai lâché mes cheveux dans mon dos rien que pour toi")...
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Sorti du monde imaginaire des contes et légendes du Maroc, Baba Achour est réputé pour sa sagesse, sa vertu… Et sa générosité. Si le Père Noël joue aux cascadeurs en dévalant la pente raide d’une cheminée pour déposer dans l’âtre des cadeaux pour les enfants sages, Baba Achour, lui, frappe aux portes des maisons pour recueillir des cadeaux et des dons et les redistribuer ensuite aux enfants des nécessiteux.
A la veille de Achoura, le vieil homme réunit les enfants, qui le suivent en procession dans les rues, autour de « Chouala », un grand feu de camp, afin de leur raconter des histoires, chanter ensemble et les couvrir de cadeaux.
Malgré la place importante de ce personnage dans la célébration de Achoura, sa présence tend à s'estomper. Il aurait certainement disparu si des associations marocaines ne veillent pas, chaque année à cette période, à le ressusciter.










