Télécoms: pourquoi la portabilité ne prend pas

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Revue de presseKiosque360. Faute de communication, le service demeure peu connu auprès de la clientèle. Censé être efficace, il connaît encore des lacunes. Pourtant, ce n'est pas toujours la faute des opérateurs. Les détails.

Le 09/12/2016 à 02h16

Le changement d'opérateur télécoms est, pour la plupart des Marocains, synonyme d'abandon de l'ancien numéro. Preuve en est, dix ans après son lancement, la portabilité des numéros se déploie discrètement. L'ANRT s'est abstenue de nous communiquer les chiffres, mais les observateurs sont formels: la migration d'un opérateur vers un autre demeure faible. A l'origine de cette situation, “le manque de communication sur cette solution”, explique un professionnel du secteur, interrogé par La Vie Eco dans son édition du 9 décembre. Et d'ajouter “qu'au lancement du projet, les trois opérateurs télécoms ont fait à l'unanimité le choix de ne pas faire de bruit autour de la portabilité. D'ailleurs, ce n'est qu'en 2013, année où le régulateur a commencé à resserrer les conditions de ventes des cartes SIM, que les opérateurs ont fait quelques communications sur ce service pour faire savoir aux consommateurs qu'ils ont la possibilité de changer d'opérateur tout en gardant le même numéro”.

En clair, les opérateurs voulaient, par ce mutisme, éviter la migration des clients et, par ricochet, préserver leur part de marché. Aujourd'hui, “les clients ont peur d'entamer cette procédure. Ils ont l'impression qu'il s'agit d'un processus long, compliqué et coûteux, ce qui n'est pourtant pas le cas”.

Les textes sont pourtant clairs. Selon les nouvelles décisions du régulateur sur la portabilité des numéros de téléphones modifiant et complétant les modalités et conditions de mise en œuvre de la portabilité des numéros fixes (et mobiles), “à compter de dépôt de la demande, le client dispose d'un délai d'un jour ouvrable (au lieu de 2) pour annuler sa demande de portage auprès de l'opérateur receveur. Il lui en fait la demande moyennant un accusé de réception. L'opérateur receveur ne doit en aucun cas refuser réception de la demande d'annulation du client”. Après la transmission, l'opérateur receveur ne dispose que de deux jours pour accepter ou refuser, puis (si accepté) d'un jour pour réaliser la mise en œuvre.

Sur le terrain, les choses ne se passent pas comme prévu. Des observateurs confirment qu'au lieu de 48h, cette procédure demande parfois jusqu'à 15 jours. Sur ce sujet, un professionnel assure “qu'aucun opérateur ne prendra le risque de bloquer des demandes de portabilité. En effet, contrairement aux autres opérations, on a tous la main sur ce projet. Nous avons également une base de données de demandes de portabilité. Par conséquent, si nous constatons que l'un des opérateurs bloque ces demandes, nous allons faire pareil en ce qui concerne ses dossiers”.

Selon les professionnels surtout, cela dépend d'abord des clients. Il y en a deux types: les pré-payés, qui ont tendance à ne pas garder leur contrat, d'où le besoin de demander un duplicata, et les post-payés, qui quittent souvent le premier opérateur à cause d'un conflit. Or, pour garder le même numéro, il est nécessaire au préalable d'assainir ledit conflit.

Par Sanae El Asrawi
Le 09/12/2016 à 02h16