Souvenez-vous. En mai dernier, la marque de cigarettes Next était soupçonnée par ses concurrents d'être fabriquée avec du tabac blond alors qu'elle avait été homologuée comme un produit à base de tabac brun. Le détenteur de la marque, qui n'est autre que Philip Morris, a bien entendu contesté, tout en clamant que son produit avait été homologué par la commission.
Or, selon l’Économiste dans son édition du 30 septembre, trois concurrents ont décidé de faire appel aux sacro-saintes analyses pour déterminer la composition exacte de ces fameuses cigarettes. La conclusion est sans appel: Next est, à plus de 80%, composée de tabac blond. Seulement voilà, celle-ci a pourtant bel et bien été autorisée par la commission d'homologation du tabac.
Le problème de fond, c'est qu'il n'existe en réalité aucune norme officielle sur la composition d'une cigarette. Par conséquent, rien n'empêche un fabriquant de mélanger les tabacs et de concevoir l'argument marketing de son choix.
En plus de l'absence de normes, il y a des implications fiscales. Le Maroc est l'un des rares pays à appliquer une fiscalité réduite pour le tabac noir. Par exemple, sur le prix des Winston, qui coûtent 32 dh, l'état prélève 17,75 dh de taxes tandis que, sur les marquises, il prélève 11,34 dh sur les 20,50 dh prévus pour la vente. Ces deux marques sont fabriquées avec du tabac blond.
En revanche, Next, qui s'est déclarée comme étant à base de tabac brun, est commercialisée à 15dh, dont 8,04 partent dans les caisses de l’État. Or, comme le produit est en fait à base de tabac blond, les taxes dues s'élèvent en réalité à 11,34 dh au lieu de 8,04 dh.
De la pure concurrence déloyale, surtout que Next a déjà conquis 3% des parts de marché au détriment des Marquises, Rothmans, Monte Carlo ou encore Marlboro.
Selon les estimations, le manque à gagner pour l'Etat, à cause de la marque de cigarette Next et des marques de tabac à rouler, serait de 450 millions de dh par an. Sacrée arnaque!