La dernière liste des nouvelles marques de cigarettes, publiées dans le Bulletin Officiel du 1er janvier, suscite la polémique dans le secteur des tabacs manufacturés. Et pour cause! La commission d’homologation, qui relève du ministère des Affaires générales et de la gouvernance, a rejeté toutes les demandes d’introduction de nouvelles marques de cigarettes à base de «tabac brun».Une véritable «discrimination», selon un opérateur du secteur, qui s’inquiète dans les colonnes de La Vie Eco (édition du 7 au 14 janvier). Parmi les dossiers rejetés: BAT, JTI et le dernier entrant, Habanos, qui dénoncent tous les trois la décision du ministère et s’insurgent contre «la concurrence déloyale». Pour ces derniers, il ne fait aucun doute que le ministère a favorisé Philip Morris et la Société marocaine des tabacs (SMT) et leurs marques respectives: Next (15 DH) et Fox (12 DH), qui bénéficient désormais d’un monopole sur le segment des tabacs bruns.
L’introduction de Next sur le marché avait pourtant provoqué de nombreux remous il y a plusieurs semaines. Plusieurs concurrents avaient d’ailleurs, sur la base d’analyses, estimé que cette marque contenait aussi du tabac blond. A cette polémique, le ministère s’était contenté d’exiger que chaque nouvelle marque listée dans ce segment soit composée à 100% de tabac brun.
Mais, selon une source proche du département ministériel, la commission aurait contacté Philip Morris (PMI) pour l’informer que la marque serait classée dans le segment des tabacs blonds. Entretemps, le groupe émirati, partenaire de PMI, aurait réussi à convaincre le ministère en faisant valoir son rang d’investisseur. Un cafouillage en somme, dont la SMT a également profité afin de lancer Fox, des brunes qui seraient, selon de nombreuses personnes, encore plus «blondes» que Next. Il faut dire que la situation économique de la SMT est au plus bas (les ventes ont observé un repli de 4,8 milliards de cigarettes, passant de 12,7 milliards en 2012 à 7,9 à fin 2015).
Fox lui permettrait ainsi de remonter la pente, notamment grâce à son petit prix, sa grande présence dans le commerce du détail et peut-être aussi un coût de fabrication assez bas.Au final, PMI et la SMT ont aujourd’hui presque 6 mois pour investir ce segment, soit d’ici la publication de la prochaine liste de prix, à moins qu’une autre liste ne soit publiée. En effet, les opérateurs dont les dossiers ont été refusés confirment avoir reçu, le 31 décembre dernier, un courrier du ministère leur demandant de présenter des échantillons et des analyses de leurs produits respectifs. Certains avancent qu’une nouvelle liste pourrait être publiée d’ici février.
