La pression sur le système bancaire ne semble pas faiblir. Le resserrement des marges et le coût élevé du risque de crédit font planer une cohorte d’incertitudes. C’est en tout cas l’avis du Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques, à l’issue de sa réunion tenue le 27 juin au siège de Bank Al-Maghrib.
L’analyse de la situation du système financier a permis au Comité de dégager les principaux constats suivants :
- La morosité de l’activité non agricole pourrait impacter négativement le système financier si elle devait davantage persister;
- La contraction du crédit bancaire aux entreprises nécessite des mesures de relance à même de soutenir le financement de l’économie et, partant, de préserver les capacités bénéficiaires des institutions financières ;
- Les délais de paiement des créances inter-entreprises se sont de nouveaux allongés, en particulier pour les entreprises privées atteignant des niveaux alarmants. Cette situation pèse lourdement sur les trésoreries des entreprises et nécessite d’accélérer la réforme sur les délais de paiement et sa mise en œuvre effective ;
- Dans le secteur des assurances, le passage vers un régime prudentiel de solvabilité basée sur les risques devrait nécessiter la recapitalisation de certaines compagnies ;
- La situation financière du secteur de la retraite continue d’être préoccupante eu égard aux déséquilibres techniques de certains régimes. En particulier, le régime des pensions civiles, dont la réforme a enregistré un retard important, a connu un deuxième déficit en 2015 et pourrait voir ses réserves s’épuiser en 2022 ;- Les marchés des capitaux continuent de participer aux besoins de financement de l’économie, mais encore de manière limitée. De surcroît, leur niveau élevé de concentration constitue un facteur de propagation des risques au sein du système financier, appelant, entre autres, à l’aboutissement rapide des réformes prévues pour le développement de ces marchés.
Au final, le secteur, au regard des risques potentiels, présente encore quelques fragilités, d’où l’urgence d’un durcissement de la réglementation. La Banque centrale veille au grain et elle se dit prête à soutenir davantage cet important pan de l’économie nationale.
A noter que le Comité de coordination et de surveillance des risques systèmiques est présidé par le wali de Bank Al-Maghrib et regroupe les représentants de BAM, de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) et de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), ainsi que du ministère de l’Economie et des finances.