Surendettement: la rentrée de tous les risques

Selon Bank Al-Maghrib, sur 439 780 dossiers de crédit examinés en 2024, 32% concernent des ménages dont la dette dépasse 40% du revenu mensuel. . DR

Revue de presseLa course à la rentrée scolaire tourne au casse-tête budgétaire pour des milliers de ménages marocains. Entre frais de scolarité exorbitants et charges fixes incompressibles, beaucoup n’ont d’autre choix que de recourir au crédit, souvent jusqu’à flirter avec le seuil critique du surendettement. Bank Al-Maghrib alerte. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco

Le 10/08/2025 à 19h43

Pour les familles qui scolarisent leurs enfants dans les établissements privés, les missions étrangères ou les écoles «homologuées», le mois de septembre rime rarement avec sérénité.

Les frais de scolarité, cumulés aux dépenses classiques de la rentrée (uniformes, fournitures, inscriptions aux activités), pèsent lourd sur des budgets déjà fragiles. Résultat: un recours massif au crédit à la consommation, particulièrement visible entre la mi-août et début septembre, période où les banques et sociétés de financement enregistrent un pic de demandes, indique le quotidien Les Inspirations Eco dans son édition du 11 août.

Les ménages les plus touchés appartiennent majoritairement à la classe moyenne dite «B-», définie par le Haut-Commissariat au Plan comme «vulnérable»: ni assez pauvre pour bénéficier de l’aide sociale, ni assez riche pour absorber sans mal les coups de massue budgétaires. Avec des charges fixes (logement, factures) qui grignotent l’essentiel du revenu, le «reste à vivre» se réduit souvent à peau de chagrin, frôlant la limite des 30% préconisée par les banques.

Les chiffres publiés par Bank Al-Maghrib sont éloquents. Sur 439.780 dossiers de crédit examinés en 2024, 32% concernent des ménages dont la dette dépasse 40% du revenu mensuel. Près de quatre sur dix affichent un endettement compris entre 40 et 50%, et un quart entre 50 et 60%. Plus alarmant encore, 23% dépassent les 70% d’endettement, une situation jugée critique par les autorités monétaires.

Ce surendettement chronique alimente un cercle vicieux: dépassements de découvert répétés, traites impayées, nouvelles demandes de crédit pour couvrir les anciennes dettes… «Les créances en souffrance atteignent désormais 44,5 milliards de dirhams, en hausse de 6,6% par rapport à l’an dernier», note Les Inspirations Eco. Le taux de défaut est particulièrement élevé pour les prêts à la consommation (13,9%), bien au-dessus de celui des crédits immobiliers (8,3%).

Contrairement à une idée reçue, le surendettement ne touche pas uniquement les ménages à faibles revenus. Ceux qui gagnent plus de 10.000 dirhams par mois concentrent 60% des prêts, mais leur taux d’endettement reste contenu à 31%. En revanche, les revenus intermédiaires (entre 4.000 et 10.000 dirhams) affichent des taux de 35 à 37%, signalant une pression budgétaire plus forte.

Du côté socioprofessionnel, les fonctionnaires demeurent les plus exposés avec un endettement moyen de 40,7%, suivis des salariés du privé (31%). Les retraités et professions libérales maintiennent des niveaux comparables (31%). Au total, la dette des ménages a atteint 427 milliards de dirhams en 2024, dont 38% sous forme de crédits à la consommation, un segment en forte expansion (+7,9%), tiré principalement par les sociétés spécialisées.

Avec 162 milliards de dirhams d’encours, le crédit à la consommation s’impose comme le principal moteur de l’endettement des ménages. Les durées d’emprunt s’allongent ou se concentrent sur la tranche de 5 à 7 ans (38% des prêts), signe d’une volonté d’alléger les mensualités… au prix d’un coût total plus élevé. Les autorités monétaires tirent la sonnette d’alarme: la dette des ménages marocains représente environ 27% du PIB, un ratio supérieur à celui observé dans nombre de pays émergents.

Par La Rédaction
Le 10/08/2025 à 19h43