Startups: pourquoi le Maroc est toujours à la traîne en Afrique

Maroc Numeric Fund II étend sa stratégie d'investissement pour inclure les startups de la diaspora marocaine. 

En 2024, les startups marocaines ont enregistré une nette progression de leurs levées de fonds, atteignant 70 millions de dollars contre 17 millions en 2023.. DR

Revue de presseAvec 70 millions de dollars collectés, les levées de fonds des startups marocaines ont quadruplé en un an. Toutefois, le Maroc doit encore combler un écart significatif avec les «Big Four» africains que sont l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Égypte et le Kenya. Cet article est une revue de presse tirée de Finances News Hebdo.

Le 19/01/2025 à 20h43

En 2024, les startups marocaines ont enregistré une nette progression de leurs levées de fonds, atteignant 70 millions de dollars contre 17 millions en 2023, selon le rapport Africa: The Big Deal, relayé par le magazine Finances News Hebdo. Ce montant place le Maroc à la cinquième position en Afrique. Cependant, malgré cette avancée, le pays reste distancé par les «Big Four» (Afrique du Sud, Nigeria, Égypte et Kenya) et doit également faire face à la montée de nouveaux concurrents tels que le Ghana et la Tanzanie.

En un an, les capitaux injectés dans les startups marocaines ont été multipliés par quatre, une performance notable dans un contexte continental marqué par une baisse globale des investissements de 25%. Ce succès s’explique en partie par des initiatives telles que le programme Innov Invest, piloté par Tamwilcom, qui a permis de structurer un réseau d’investisseurs locaux, passé d’une poignée d’acteurs il y a dix ans à une dizaine de fonds actifs aujourd’hui.

Cependant, comme le souligne Finances News Hebdo, le Maroc reste loin de rivaliser avec les écosystèmes des «Big Four», qui continuent de capter des montants considérables. «La taille limitée du marché marocain et son faible degré d’intégration régionale réduisent son attractivité pour les investisseurs internationaux», explique un expert du secteur cité par le magazine. De plus, des secteurs stratégiques comme la fintech et la climatech, très prisés sur le continent, peinent encore à émerger au Maroc.

En Afrique, la fintech et l’énergie ont concentré 70% des financements en 2024. Au Maroc, ces deux secteurs ne représentent qu’un peu plus de 10% des levées de fonds, tandis que l’agriculture, l’éducation et la logistique ont dominé les investissements en 2023. En 2022, le retail avait accaparé près de 50% des capitaux, notamment grâce à des acteurs comme Chari.

La fintech, moteur des investissements en Afrique, illustre les défis spécifiques du marché marocain. Avec un taux de bancarisation d’environ 60%, le Maroc occupe une position intermédiaire: trop avancé pour connaître une croissance fulgurante, mais pas assez mature pour répondre pleinement aux attentes des investisseurs internationaux. «Notre système financier est robuste, mais conservateur, ce qui limite l’émergence d’acteurs disruptifs capables de rivaliser avec les leaders», analyse un spécialiste. Cette problématique touche également d’autres secteurs, tels que la mobilité urbaine, la santé numérique ou les drones, entravés par des réglementations strictes.

Malgré les progrès enregistrés, le Maroc peine à attirer des investissements de grande envergure, caractéristiques des «Big Four». Les financements intermédiaires, compris entre 15 et 50 millions de dirhams, restent difficiles à obtenir, car ils sont trop élevés pour les fonds locaux de capital-risque, mais trop modestes pour le private equity. Cette situation limite la capacité des startups marocaines à franchir des étapes stratégiques.

Pour accroître son attractivité, Finances News Hebdo préconise que le Maroc renforce son intégration régionale et se positionne comme un hub pour l’Afrique de l’Ouest. L’internationalisation des levées de fonds, la création de nouveaux fonds publics et privés, ainsi que l’augmentation des tickets d’investissement pour les startups matures constituent des pistes prometteuses pour 2025. Toutefois, ces initiatives devront être accompagnées de réformes structurelles ambitieuses pour garantir leur durabilité.

Enfin, une commande publique plus proactive pourrait transformer l’écosystème entrepreneurial marocain. Si l’État jouait un rôle stratégique en intégrant davantage les startups locales dans ses projets, cela stimulerait l’innovation et renforcerait leur compétitivité. Mais cela nécessitera une volonté politique forte et une refonte des mécanismes actuels.

Par Walid Ayadi
Le 19/01/2025 à 20h43