Reverse flow et diversification: le Royaume, premier client du gaz espagnol

Le site de forage du puits Anchois 2 au large de la région de Larache-Tanger au nord de la côte atlantique marocaine.

Le site de forage du puits Anchois 2, au large de la région de Larache-Tanger, au nord de la côte atlantique du Royaume. . ONHYM

Revue de presseAvec 858 GWh absorbés, le Royaume dépasse la France et le Portugal, consolidant sa position stratégique dans la région méditerranéenne. Au-delà des chiffres, cette avancée reflète ses capacités à sécuriser ses ressources énergétiques, à diversifier ses sources et à tirer parti des interconnexions transfrontalières pour renforcer sa souveraineté énergétique. Cet article est une revue de presse tirée du magazine hebdomadaire Challenge.

Le 27/08/2025 à 19h00

En juin 2025, le Royaume a franchi une étape majeure dans son approvisionnement énergétique en devenant le premier destinataire du gaz naturel espagnol, absorbant 858 GWh représentant 35,5% des exportations de Madrid, dépassant largement la France (354 GWh) et devançant nettement le Portugal. Cette évolution illustre non seulement l’efficacité des interconnexions transfrontalières entre les deux pays, mais aussi la montée en puissance du Royaume comme acteur stratégique engagé dans la transition énergétique et la sécurisation de ses ressources, indique le magazine hebdomadaire Challenge.

Cette dynamique s’inscrit dans un contexte mondial en pleine reconfiguration des flux gaziers. La diversification des sources et l’adaptation aux contraintes géopolitiques deviennent cruciales pour les États dépendants des importations. Dans ce cadre, l’Espagne, en tant que hub gazier européen majeur, joue un rôle central. Son positionnement stratégique permet au Royaume de consolider ses capacités d’importation grâce à des infrastructures avancées de regazéification et aux interconnexions transfrontalières, garantissant un approvisionnement fiable et flexible.

En termes de chiffres, les exportations espagnoles de gaz naturel ont atteint 2.415 GWh en juin, marquant un recul de 40% par rapport à la même période en 2024. La répartition des flux indique une légère prédominance des livraisons par gazoduc (52,1%) par rapport au gaz naturel liquéfié (GNL, 47,9%). Sur l’ensemble des douze derniers mois, les exportations cumulées se sont élevées à 41.181 GWh, soit une baisse de 17,1% en glissement annuel. Ces statistiques soulignent la volatilité des marchés gaziers et la nécessité pour le Royaume d’adopter une stratégie proactive d’approvisionnement, peut-on lire.

Le contexte géopolitique régional a également joué un rôle déterminant. Le Gazoduc Maghreb-Europe (GME) avait été conçu à une époque où la coopération énergétique avec l’Algérie semblait durable.

Toutefois, la rupture de l’approvisionnement en 2021 a marqué un tournant décisif pour le Royaume.

Dès juin 2022, le Royaume a réussi à inverser le sens des flux: le GNL, regazéifié en Espagne, est désormais injecté dans le GME pour alimenter le territoire marocain. Ce dispositif, connu sous le nom de «reverse flow», a été officiellement encadré par un contrat signé le 22 octobre 2024 entre l’Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM) et l’Office National de l’Électricité et de l’Eau potable (ONEE), garantissant la pérennité de ce schéma d’approvisionnement stratégique.

Cette évolution illustre la capacité du Royaume à adapter sa stratégie énergétique face aux mutations géopolitiques régionales et à renforcer sa position dans la chaîne énergétique méditerranéenne. La sécurisation des approvisionnements en gaz naturel ne se limite plus à une question économique: elle constitue un véritable levier géopolitique et un vecteur de souveraineté énergétique pour le Royaume.

Par La Rédaction
Le 27/08/2025 à 19h00