Angela Merkel réalise l’exploit d’un troisième mandat à la chancellerie. Une victoire qui frôle la majorité absolue avec 41,5% des suffrages en faveur de la présidente de l’Union chrétienne démocrate. Si la nouvelle a de quoi réjouir les électeurs de la rive droite du Rhin, pour Jawad Kerdoudi, fondateur de l'Institut des relations internationales (IMRI), "la réélection de Merkel est tout sauf une surprise". Selon lui, "la chancelière a su prendre les bonnes décisions pour porter l’économie de son pays et quand l’économie va, les électeurs n’hésitent à réaccorder leur confiance".
Le Maroc doit passer à la vitesse supérieure
Une confiance qui a de quoi rassurer également les partenaires économiques de l’Allemagne, dont fait partie le Maroc. Les échanges entre les deux pays ne datent certes pas d’hier (un premier Traité de protection des investissements existe depuis août 1961) mais, il faut bien le reconnaître, les démonstrations de bonne volonté et les accords de coopération économique fusent depuis l’accès de Merkel à la chancellerie. Dans le classement des partenaires commerciaux de l’Allemagne, le Maroc occupait en 2011 la 71ème place pour les importations et la 58ème place pour les exportations. L’Allemagne est, pour sa part, le 8ème partenaire commercial du Maroc. En 2011, les exportations allemandes vers le Maroc ont connu une augmentation, passant à 1,522 milliard d’euros (+10,7 %), et les exportations marocaines vers l’Allemagne ont atteint 743 millions d’euros (+ 21,4 %). L’excédent commercial de l'Allemagne à l’égard du Maroc est passé à 779 millions d’euros en 2011.
De l'avis de Kerdoudi, beaucoup reste encore à faire. "Pour le Maroc, cette réélection ne risque pas d’apporter le moindre bouleversement", avance Kerdoudi. Selon lui, "le Maroc est une destination parmi d’autres pour les exportations allemandes et ne constitue pas encore une destination de choix pour ses investisseurs". Malgré les accords scellés entre les deux pays, "l’Allemagne préfère encore se tourner vers l’Europe de l’Est". Et pour cause, "c’est un pays exigeant". De ce fait, "pour que le Maroc constitue un partenaire viable, il se doit de rehausser la qualité de son offre d’exportation et la conformer aux standards exigés par les clients germaniques". Merkel connaît déjà bien le pays, ce qui reste un avantage certain mais, à en croire cet observateur, le royaume ne doit pas s'endormir sur ses lauriers. "Il en va de même pour l’investissement", ajoute Kerdoudi. En effet, "les allemands sont très à cheval sur les lois et les régulations et, si le Maroc veut devenir un terreau propice à l’investissement de ce pays, il doit passer par la création d’un cadre juridique et législatif solide et favorable à l’investissement". A ce niveau, les réformes nécessaires doivent être prises en main. Si le gouvernement veut un tant soit peu continuer à dynamiser l'économie nationale, il a tout intérêt à se rapprocher de la première puissance économique européenne.