Prévisions de la loi de finances 2022 et niveaux actuels des prix: l’écart se creuse

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Revue de presseKiosque360. Même si le gouvernement persiste à affirmer qu’une loi de finances rectificative est exclue, le gap entre les prévisions du Budget 2022 et les niveaux actuels des prix sur le marché mondial ne cesse de se confirmer. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 16/06/2022 à 21h01

La donne se confirme de jour en jour. Avec la hausse des prix des énergies et des matières premières sur le plan mondial, les prévisions établies par le gouvernement dans le cadre de la loi de finances 2022 deviennent obsolètes. La thèse d’une révision du Budget de cette année s’en trouve renforcée. Chiffres à l’appui, le quotidien Les Inspirations Eco révèle bien des gaps entre prévisions et vérité des prix.

Exemple: les prévisions de la loi de Finances 2022 ont été basées sur un prix du gaz butane à 450 dollars la tonne. Après la flambée des prix, le tarif est passé à 800-850 dollars la tonne. Conséquence, la subvention gouvernementale moyenne pour une bouteille de gaz butane de 12 kg, au cours des cinq premiers mois de l’année en cours, était de 100 dirhams par bouteille, alors que les projections de la LF 2022 reposaient sur une subvention de 50 dirhams. «Le constat est le même pour le blé importé dont les hypothèses sont passées de 250 dollars/t à 380 dollars/t, soit une hausse de 52% alors que le sucre est passé pour sa part de 380 dollars/t dans le cadre des prévisions de la LF à 460 dollars/t, soit une hausse de 21%», lit-on.

Une dérive inflationniste et une flambée des prix contre lesquelles le gouvernement a été obligé d’activer l’article n°60 de la loi de finances stipulant qu’«en cas de nécessité impérieuse et imprévue d’intérêt national, des crédits supplémentaires peuvent être ouverts par décret en cours d’année conformément à l’article 70 de la Constitution». Le budget de la Caisse de compensation passera ainsi de 16 à 32 milliards de dirhams. Mais serait-ce suffisant?

Pour l’heure, le gouvernement se refuse à toute révision de la loi de finances. Il assure que ces nouveaux crédits seront couverts par la dynamique enregistrée au niveau des ressources, notamment fiscales et douanières, «ce qui permettra de maîtriser le déficit budgétaire à hauteur de 5,9 % du PIB, sans faire appel à une loi de finances rectificative».

Le déficit budgétaire ainsi présenté semble supportable. A fin mai, il se situe à 14 milliards de dirhams, contre 25 milliards de dirhams un an auparavant. Les recettes ont, elles, enregistré une hausse de près de 25,1%, comparativement à fin mai 2021. Mais la menace sur les finances publiques reste forte avec le ralentissement de la croissance et des prix des matières premières toujours élevés. Rien ne dit qu’ils vont baisser de sitôt. Au contraire, analystes et observateurs tablent sur davantage de hausse, les raisons ayant conduit à ces augmentations, notamment le conflit entre la Russie et l’Ukraine.

Par Nabil Ouzzane
Le 16/06/2022 à 21h01