Le secteur agricole marocain traverse une période particulièrement difficile, marquée par une succession d’années de sécheresse.
Parmi les filières les plus touchées, celle des viandes rouges souffre d’une pression accrue.
Les éleveurs font face à une flambée des prix des aliments pour le bétail et à la raréfaction des pâturages, ce qui rend les coûts de production insoutenables, indique le magazine hebdomadaire Finances News Hebdo.
Malgré les mesures gouvernementales facilitant les importations pour augmenter l’offre sur le marché, les prix des viandes rouges restent à des niveaux record, rendant ces produits inaccessibles à une grande partie de la population, notamment les ménages modestes.
«Cette situation soulève une interrogation importante: le Maroc devra-t-il envisager de suspendre la célébration de l’Aïd Al-Adha, prévu en juin prochain?», écrit-on.
Le Royaume du Maroc a déjà interdit la célébration de l’Aïd Al-Adha à trois reprises dans son histoire récente: en 1963, 1981 et 1996.
Ces décisions, prises sous le règne de feu le Roi Hassan II, étaient motivées par des contextes de sécheresse sévère.
Aujourd’hui, cette option est à nouveau évoquée, mais elle suscite des débats.
Cité par Finances News Hebdo, Mohamed Meskini, marchand de bétail à Souk Sebt de Tit Mellil, pense qu’une telle interdiction aurait des conséquences catastrophiques, tant pour les éleveurs que pour les communautés rurales.
«Le prix des ovins atteignent des niveaux sans précédent. Un antenais de moins de six mois, auparavant vendu entre 1.600 et 2.000 dirhams, coûte désormais entre 3.000 et 3.500 dirhams. Cette tendance devrait se poursuivre à l’approche de l’Aïd», estime-t-il.
Au-delà de son aspect religieux, l’Aïd Al-Adha joue un rôle économique crucial, générant un transfert estimé à 18 milliards de dirhams des zones urbaines vers les campagnes.
Cet événement stimule également des secteurs comme le commerce, le transport et le tourisme.
L’an dernier, le prix d’un mouton était compris entre 70 et 80 dirhams le kilo.
Aujourd’hui, il atteint parfois 90 dirhams, et les perspectives pour 2025 laissent présager une nouvelle hausse.
Face à cette situation, le ministère de l’Agriculture a lancé une vaste opération de recensement du cheptel national entre fin 2024 et début 2025.
Placée sous le thème «Notre cheptel est notre richesse», cette initiative vise à collecter des données précises sur le nombre, la répartition géographique, l’âge et les races des animaux.
Également cité, Said Chatibi, Directeur général de l’Association nationale ovine et caprine (Anoc), explique au magazine que «plus de 1.400 enquêteurs spécialement formés sillonneront près de 30.000 douars répartis sur 2.400 communes rurales, sous la supervision de 100 contrôleurs provinciaux. Les informations recueillies permettront de mieux planifier les mesures nécessaires pour préserver et renouveler le cheptel».