Observant un ralentissement «soudain» des réservations, Ryanair, la plus grande compagnie aérienne européenne par nombre de passagers, a prévenu mercredi soir que sa perte annuelle serait sans doute le double de ce qu'elle attendait, en raison de l'impact du nouveau variant plus contagieux.
«Le variant Omicron du Covid et les récentes restrictions aux voyages à travers l'Europe ont considérablement affaibli nos réservations pour Noël et le jour de l'An», a expliqué la compagnie.
Elle subit notamment l'interdiction des voyageurs n'ayant pas un motif essentiel du Royaume-Uni vers la France et l'Allemagne et la fermeture des frontières du Maroc.
Au-delà des réservations, les effets d'Omicron sur le trafic aérien européen ne sont pas encore évidents.
Selon l'organisme de surveillance Eurocontrol, qui décompte les mouvements d'avions, ceux-ci ont connu une hausse continue avant la saison des fêtes, et atteint le 19 décembre 76,3% du trafic de 2019, avant la pandémie.
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Eurocontrol, qui mise sur un trafic moyen de 80% lors de la seconde moitié de décembre, est resté prudent pour la suite, jugeant que «les conséquences (d'Omicron) sur janvier ne sont pas claires».
Même circonspection au sein de l'Association internationale du transport aérien (Iata) fédérant près de 300 compagnies, qui estime qu'il est encore trop tôt pour évaluer l'effet du variant sur le secteur.
Son directeur général Willie Walsh avait néanmoins prévenu début décembre que les restrictions prises face à Omicron «mett(ai)ent en péril la connectivité mondiale qu'il a fallu tant de temps pour reconstruire».
L'association des aéroports européens ACI Europe a adopté jeudi un ton plus alarmiste.
Citant des données préliminaires, elle a estimé que le trafic passagers s'était effondré de 20% dans les équipements de ses adhérents à partir du 24 novembre, quand l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé avoir identifié le nouveau variant en Afrique du Sud.
Dans le même temps, le taux de remplissage des appareils a glissé de 66% à 54%, selon ACI Europe qui a néanmoins remarqué, comme Eurocontrol, une hausse de la fréquentation au début de la saison de Noël (+9% sur une semaine).
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Mais, pour le directeur général de l'organisation, Olivier Jankovec, seuls les voyages pour «rendre visite à la famille et aux amis tiennent plus ou moins le coup».
En revanche, les déplacements d'affaires et de tourisme s'effondrent, étant donné l'extrême incertitude et les perspectives de restrictions «supplémentaires», entre les pays qui ont durci les conditions d'entrée et ceux qui ont réinstauré des confinements.
Une fois les vacances terminées, «il ne fait aucun doute qu'Omicron aura des conséquences adverses sur le trafic des passagers lors du premier trimestre de 2022», s'est inquiété Jankovec.
Tant ACI Europe que l'Iata, ainsi que l'organisation des compagnies européennes Airlines for Europe, se sont élevées contre les restrictions de déplacements, faisant valoir à l'unisson de l'OMS qu'elles étaient inefficaces une fois le variant largement répandu dans la population.
Mais Omicron se traduit aussi par des casse-tête opérationnels pour les compagnies: la scandinave SAS a dû annuler des dizaines de vols mardi et mercredi, en raison de l'absence de salariés malades.
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Ce nouveau coup de froid sur le secteur intervient alors qu'il espérait en 2022 continuer à retrouver ses clients, deux ans après avoir subi le pire choc de son histoire, même si un retour à la situation pré-Covid n'était pas envisagé avant 2024, voire 2027 selon les zones.
Témoin de cette confiance à long terme, les investissements dans les futurs appareils sont repartis, avec notamment une commande géante de 100 Airbus moyen-courriers la semaine dernière par Air France-KLM.
Avant même l'identification d'Omicron, l'Iata prévenait que les compagnies aériennes européennes allaient conclure 2021 sur une perte de 20,9 milliards de dollars, et les voyait rester dans le rouge de 9,2 milliards en 2022.