Vers 06H25 GMT, le baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en juin, progressait de 1,6 dollar, soit 11,61% à 15,38 dollars dans les échanges électroniques.
Le baril de Brent, référence européenne, pour juin également, gagnait 2,10 dollars, soit 10,31% à 22,47 dollars. Les cours de l'or noir n'en demeurent pas moins à leurs niveaux les plus bas depuis des années, sous l'effet d'un effondrement de la demande provoqué par le plongeon de l'activité économique dû aux restrictions décidées sur toute la planète pour combattre la pandémie de Covid-19.
Les cours ont suivi une trajectoire digne des montagnes russes ces derniers jours, qui ont même vu le pétrole américain en territoire négatif pour la première fois de son histoire. L'effondrement de la demande mondiale a eu pour conséquence de saturer les installations de stockage.
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Phillip Futures a expliqué la remontée actuelle, engagée mercredi, par "des risques renforcés au Moyen-Orient". Le WTI pour livraison en juin avait déjà bondi de 19% mercredi après les déclarations du président américain Donald Trump qui a prévenu dans un tweet avoir donné ordre de "détruire" toute embarcation iranienne qui s'approcherait de façon dangereuse de navires américains dans le Golfe.
Selon Washington, onze vedettes rapides des Gardiens de la Révolution de l'Iran ont croisé à plusieurs reprises la proue et la poupe de navires américains patrouillant dans le Golfe, "à distance extrêmement rapprochée et à grande vitesse".
L'Iran a par ailleurs annoncé mercredi le lancement d'un premier satellite militaire, aussitôt dénoncé par les Etats-Unis qui accusent Téhéran de développer des programmes des tirs de "missiles" masqués. "L'Iran devra rendre des comptes", a prévenu le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo. Le Golfe est une artère majeure pour l'exportation du brut vers les marchés mondiaux, et tout regain de tension a immanquablement un impact haussier sur les cours de l'or noir.
Cette montée des tensions a éclipsé le rapport hebdomadaire de l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA) qui a fait état mercredi d'une hausse de 15 millions de barils des réserves américaines de brut. A Cushing dans l'Oklahoma en particulier, où sont stockés les barils servant de référence au WTI, les réserves ont augmenté de 5 millions de barils et approchent de leur maximum.
Les réserves américaines d'essence et de produits raffinés ont aussi augmenté, tandis que la consommation hebdomadaire a dégringolé de plus de 25% sur un an alors que la population est confinée. Les spécialistes des marchés pétroliers, a cependant observé Phillip Futures, sont méfiants quant aux "raisons du communiqué du président (Donald Trump) au moment où le WTI comme le Brent connaissent un crash historique".
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"Il est très probable que le tweet s'inscrive dans la stratégie de son administration pour peser sur les prix du pétrole", a indiqué Phillip Futures dans sa note, en rappelant que les producteurs américains de schistes de pétrole avaient été durement impactés par la chute des cours. Selon les analystes, les tensions géopolitiques n'auront pas d'effet durable si les réserves sont pleines.
"Une remontée des prix dépend uniquement d'une action coordonnée immédiate de l'OPEP+++ pour limiter la glissade vers le bas et/ou d'une vive et improbable reprise de la demande en mai", a estimé Stephen Innes, stratégiste chez AxiCorp, faisant référence à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et à leurs alliés qui sont tombés d'accord en avril pour réduire leur production de 10 mb/j pour tenter de revigorer les marchés.
Mais les experts avaient considéré ce niveau insuffisant pour compenser la baisse de la demande induite par le coronavirus, apparu en Chine en décembre, et les prix ont poursuivi leur déclin.